Avantages des avocats expatriés en Asie

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Tandis que les avocats américains et anglais s'habituent à des bonus de moins en moins important et baissent leurs attentes économiques, leurs collègues en Asie bénéficient encore d'un important avantage économique, ce qu'ils appellent l'expat package.

Ce package est en fait une compensation pour l'avocat qui a accepté de s'expatrier, notamment dans des pays où la vie serait "difficile", ce qu'ils appellent des hardship posts.  Il s'agit en fait de l'héritage de l'époque où des villes comme Hong Kong étaient bien moins développées et/ou occidentalisées.

Pourtant, cette perception perd de son sens aujourd'hui. Hong Kong est désormais riche en modernité, avec des logements de haute qualité, un système de transport efficace et toutes les grandes enseignes internationales. 

Pourtant, les expat packages se maintiennent avec des attentes, pour les associés américains, d'un montant compris entre 40.000 et 80.000 dollars, tandis que ceux des cabinets les plus importants peuvent toucher "jusqu'à 300 000$", précise un recruteur pour les bureaux à Hong Kong. 

Ces expat packages sont également offerts pour d'autres destinations telles que Pékin, Singapour, ou encore Tokyo; mais avec un nombre de plus en plus importants de professionnels étrangers, c'est Hong Kong qui détient pour le moment toute l'attention.

William Barron, un manager chez Davis Polk & Wardwell en Asie, précise que son cabinet offre des packages dont le montant tend plutôt vers la haute extrémité de cette échelle bien que les rumeurs de packages à six chiffres soient selon lui une exagération. Le cabinet Davis Polk avait commencé par utiliser une formule de détermination du montant du package selon l'expérience de l'avocat, s'il avait des enfants, etc., jusqu'à ce que ce système s'avère trop complexe. Désormais, la fixation du montant est plus libre, divisée en une allocation logement - destinée au logement uniquement - et une allocation de consommation. 

Neil Torpey, le président du bureau Paul Hastings à Hong Kong, précise que le montant au cours de ces dix dernières années "n'a pas réellement varié quand on tient compte de l'inflation". Néanmoins, on cherche de moins en moins à compartimenter les avantages par domaine (frais de scolarisation des enfants, frais de logements, ...) et on tend à privilégier la fixation d'un montant total.

Pour autant, les avocats anglais ne bénéficient pas d'offres aussi impressionnantes que leurs confrères américains, avec pour cause première qu'ils n'auront à payer que la taxe de Hong Kong, soit un maximum de 17%. A l'inverse, les avocats américains doivent payer l'impôt sur le revenu de Hong Kong ainsi que la taxe fédérale américaine sur les revenus à l'étranger. Certains doivent même payer des taxes étatiques, notamment s'ils sont propriétaires immobiliers sur le territoire américain. 

Torpey comprend que ces montants puissent sembler exorbitants, il est vrai qu'on ne sent pas en danger à Hong Kong; en se baladant en ville, "on ne craint pas les balles perdues". Néanmoins, des facteurs plus subtils sont à prendre en compte. Par exemple, les avocats expatriés ont tendance à ne pas acheter une maison aux Etats-Unis pour la durée de leur séjour à l'étranger et peuvent subir des pertes à leur retour, vue l'instabilité du marché immobilier. 

De plus, bien que beaucoup d'avocats soient probablement prêts à avoir une expérience à l'étranger sans même ce genre de package exorbitant, la plupart ne sont pas qualifiés. En effet, il est indispensable de parler couramment le mandarin.

Enfin, tous les cabinets ne reconnaissent pas la valeur d'une expérience à l'étranger, c'est donc un risque à prendre dans sa carrière. 


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