Frédéric Chhum et Christine Maran se lancent à nouveau dans la course au bâtonnat de Paris pour la période 2026-2027. Candidats respectivement aux postes de bâtonnier et vice-bâtonnière, ils présentent leur vision et leurs propositions pour l'avenir du barreau parisien.
Pourquoi êtes-vous candidats au Bâtonnat ?
FC : Je suis avocat depuis 1997 en droit du travail (coté salariés). Mon Cabinet est implanté à Paris, Nantes, Lille et emploie 4 avocates collaboratrices en voie d’association. J’ai été membre du Conseil de l’ordre de de Paris de 2019 à 2021.
CM : Je suis avocate depuis 2013. Je pratique en droit de l’immobilier (construction, copropriété, baux) et le droit de la responsabilité civile et de l’assurance. J’exerce en cabinet individuel.
Nous avons obtenu 1473 voix lors de notre candidature au Bâtonnat 24.
Nous avions un petit budget de campagne de 5 000 euros alors que certains de nos concurrents avaient un budget beaucoup plus élevé.
FC : Pourquoi sommes-nous, à nouveau, candidats au Bâtonnat ?
Les confrères n’ont plus confiance dans leur institution ordinale.
Il y a une fracture ordinale entre les 34 000 avocats du Barreau de Paris et leur ordre.
22 000 confrères ne voteront pas aux élections des 10 et 12 décembre 2024. Nous voulons réduire la fracture ordinale !
CM : Nous sommes aussi une candidature de rupture avec les précédents bâtonnats.
Nous avons des propositions disruptives pour changer l’ordre de manière à permettre que tous les confrères soient écoutés et se sentent concernés.
« Changeons l’ordre » est notre slogan de campagne.
Quels sont les principaux axes de votre programme ?
FC : Un ordre plus inclusif et plus démocratique.
Nous voulons une Conférence du stage paritaire femmes / hommes, au 1ᵉʳ janvier 2027, avec 6 secrétaires femmes / 6 secrétaires hommes. Il n’est plus tolérable que les avocates, qui représentent 80 % des jeunes avocats, soient sous représentés à la Conférence !
Pour les procédures criminelles et devant les cours d’assises, le Bâtonnier désignera tout confrère pratiquant en droit pénal inscrit sur une liste, les secrétaires de la conférence conservant 2/3 de ces désignations. C’est une révolution.
Les confrères ne se rencontrent plus. Nous voulons organiser une Assemblée Générale, chaque année, durant laquelle tout confrère pourra poser toute question aux bâtonnier, vice-bâtonnier et 42 MCO.
CM : Nous voulons un débat participatif sur l’utilisation des bénéfices exceptionnels de la CARPA (plus de 70 000 000 d’euros cumulés au total en 2023 et 2024).
Tous les postes de direction d'avocats missionnés (SG, directeur de la déontologie, directeur de règlement des litiges professionnels, avocats de l'ODA) doivent être ouverts aux 34 000 confrères et non plus réservés aux ordinaux en fin de carrière.
CM : Il faut créer un droit au télétravail opposable au cabinet de 2 jours par mois pour les avocates, avocats collaborateurs et élèves avocats. Ceci permettra une meilleure qualité de vie pour les avocats et une meilleure productivité pour les cabinets. Parallèlement, nous aiderons les cabinets à s’équiper en VPN.
Il faut un plan d’urgence pour lutter contre les Violences Sexistes et Sexuelles et le harcèlement et pour l’égalité de rémunération femmes / hommes au sein des cabinets. Le bâtonnier, la vice-bâtonnière et les 42 MCO se rendront, une fois par mois, chacun dans un cabinet différent, pour rappeler les principes essentiels qui régissent notre profession !
Il faut mener des enquêtes au sein de cabinets suspects tout en respectant l’anonymat et aux fins de libérer la parole !
Pour favoriser la parentalité, nous faciliterons l’obtention de place en crèche à Paris et Ile de France pour les avocates et avocats qui ont des enfants.
Quels sont les dysfonctionnements à l'Ordre ? Que proposez-vous comme solution(s) ?
CM : Il faut renforcer le service déontologie de l’ordre et renforcer aussi la Commission réseaux sociaux de l’ordre.
Il faut aussi prévenir les conflits d’intérêts au sein de l’ordre notamment avec les prestataires de services utilisés par l’ordre des avocats notamment pour la communication, qui représente des millions d’euros.
Il faut plus de votant aux élections ordinales pour un ordre plus représentatif. Il faut une incitation au vote en exonérant de 30 euros de cotisations ordinales, tout avocat qui vote aux élections ordinales (Bâtonnier / MCO).
FC : Pour permettre l’égalité des candidats au Bâtonnat, l’ordre doit rembourser les dépenses de campagne pour les candidats qui obtiennent au moins 10% des suffrages exprimés et les dépenses de campagne des élections au Bâtonnat doivent être publiées et plafonnées à 50 000 euros.
Quels sont d'après vous les principaux défis auxquels le barreau de Paris est confronté actuellement ?
CM : L’IA générative va révolutionner l’exercice de la profession.
L’ordre doit s’en emparer et former les 34 000 avocats ainsi que les élèves avocats à l’EFB.
L’ordre peut investir dans l’IA avec les bénéfices exceptionnels de la CARPA de 23/24.
Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?
FC : Tous les candidats sont de qualités.
Nous sommes une candidature de rupture. Nous voulons mettre fin à la fracture ordinale.
Changeons l’Ordre ensemble.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier