Elections ordinales Paris 2020 : interview d'Elodie Lefebvre et Guillaume Martine

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Le Monde du Droit a interrogé Elodie Lefebvre et Guillaume Martine, candidats au Conseil de l'Ordre de Paris pour le mandat 2020-2022.

Pourquoi vous présentez-vous ?

Nous sommes tous deux investis par le Syndicat des Avocats de France (SAF), en raison de notre engagement depuis plusieurs années au sein de la section parisienne dont nous sommes respectivement présidente et secrétaire.

Cette dernière année s’est révélée riche de combats : tout d’abord contre la réforme des retraites, puis dans le cadre de la crise sanitaire.

Contre la réforme des retraites, la mobilisation n’a cessé de s’intensifier et nous avons été au cœur de la mobilisation : marcheurs en manif, plaideurs lors des défenses massives, rédacteurs de communiqués et demandeurs de l’organisation d’une assemblée générale de l’Ordre des avocats de Paris (qui s’est finalement tenue le 11 février). Ce moment historique nous a convaincu de la nécessité de poursuivre notre engagement.

Puis, il y a eu le premier confinement, et désormais le second, synonymes d’atteintes aux libertés individuelles. Au printemps nous étions confinés, mais convaincus de la nécessité de poursuivre notre engagement et nous avons participé activement, au sein de notre syndicat, aux nombreux référés libertés.

Ces évènements majeurs nous ont convaincus que notre engagement au service de la profession devait se poursuivre au sein de l’Ordre, indispensable soutien de l’ensemble des avocates et avocats.

Quels sont les principaux axes de votre programme ?

Tout d’abord, après la mobilisation historique de la profession de l’hiver dernier, il nous apparaît essentiel de réaffirmer notre intransigeance contre toute réforme qui remettrait en cause notre système autonome de retraite.

Avec la même détermination, notre Ordre devra également s’opposer aux remises en cause incessantes de l’oralité, voire de l’existence même de l’audience, qui participent de l’éloignement entre les avocats, les magistrats et les greffiers, déjà largement engagé avec le nouveau tribunal.

Autre axe de campagne important pour nous : le renforcement des droits des collaboratrices et des collaborateurs, afin de préserver le principe d’une collaboration véritablement libérale à défaut d’option pour la collaboration salariée. Trop souvent, les collaboratrices et collaborateurs, bien qu’en théorie libéraux, travaillent dans des conditions qui, en pratique, ne leur permettent pas de dégager le temps nécessaire afin de développer leur clientèle personnelle, voire le temps nécessaire au repos et à l’épanouissement personnel.

La rupture du contrat de collaboration doit également être mieux encadrée afin d’éviter les abus. Nous souhaitons surtout que l’assurance perte de collaboration soit généralisée – et financée par les cotisations ordinales – afin que l’ensemble des consœurs et confrères puissent en bénéficier, et ce dans des conditions financières intéressantes. Le SAF milite d’ailleurs pour une généralisation, au niveau national, de l’assurance perte de collaboration.

En outre, afin de permettre une réelle prise en considération des problématiques propres aux avocats en collaboration, le SAF propose la création d'une véritable commission dédiée, élue par les collaboratrices et collaborateurs, en leur sein, chargée à la fois de faire des propositions au Conseil de l'ordre et de recueillir les doléances à un échelon individuel. Cette commission devra être représentative de la pluralité des exercices en collaboration libérale. En parallèle, nous proposons la création d’une commission paritaire pour la résolution des litiges touchant à la collaboration.

Par ailleurs, nous portons une attention toute particulière aux questions d’égalité et de lutte contre les discriminations.

Nous proposons ainsi que l’Ordre travaille à la mise en place de solutions de garde d’enfants financièrement accessibles aux consœurs et confrères ; la suppression du reste à charge pesant sur les cabinets en cas de congé parentalité ; ou encore l’augmentation du nombre de référents harcèlement/discrimination.

Enfin, nous présentons une série de propositions très concrètes s’agissant de la réforme du fonctionnement des différentes permanences organisées par l’Ordre, afin que les avocates et les avocats puissent y intervenir dans les meilleures conditions.
Nous souhaitons également que le dispositif d’avance versée sur les missions d’aide juridictionnelle, mis en place dans le cadre de la crise sanitaire, soit dorénavant pérennisé.

Quels dysfonctionnements observez-vous au sein de l’Ordre et que proposez vous comme solutions ?

Il y a tout d’abord un problème de transparence s’agissant du fonctionnement du conseil : dont les séances ne font plus l’objet d’aucun compte rendu intégral des débats. Si l’on veut que les consœurs et confrères retrouvent une plus grande confiance dans l’Ordre, ils doivent, lorsqu’ils le souhaitent, pouvoir en connaître les travaux. Outre la publication de comptes rendus exhaustifs faisant notamment mention des membres présents et absents lors de chaque séance, nous souhaitons des votes nominatifs lors des conseils. Cette transparence est nécessaire si l’on veut que les travaux du conseil et la place de l’Ordre soient mieux connus et considérés par nos confrères et consoeurs.

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?

Ce que nous avons pour nous, c’est notre jeunesse et notre parcours militant au sein du SAF. Nous sommes le binôme le plus jeune et compte tenu de la démographie de notre barreau, il nous apparait indispensable que les consœurs et confrères de notre tranche d’âge soient représentés au sein du Conseil.

Par ailleurs, notre expérience syndicale nous a amenés ces dernières années à réfléchir ensemble et à prendre position sur les principales problématiques qui sont posées à notre profession. Les propositions que nous voulons mettre en œuvre au sein du conseil de l’Ordre, nous les portons sur un plan syndical depuis plusieurs années. Elles sont le fruit d’une conviction profonde, nourrie par notre parcours professionnel mais aussi par la réflexion collective qu’impose un cadre syndical qui a pour but l’intérêt général.

Notre candidature s’inscrit dans le prolongement d’un engagement collectif des avocates et des avocats du SAF contre la réforme des retraites, la généralisation de la visioconférence et des box, et pour l’amélioration du fonctionnement de l’aide juridictionnelle et de la collaboration… 

Propos recueillis par Yannick Nadjingar-Ouvaev


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