Interview de Houria Si Ali et Frédéric Chhum (MAC) Candidats au Conseil de l’Ordre de Paris

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En partenariat avec Le Monde du Droit, le Club AvoTech, premier « do tank » des avocats créateurs de legaltech en France, a décidé d’interpeller les candidats au Conseil de l’Ordre de Paris, sur leur vision de l’avocat de demain. Aujourd’hui, Houria Si Ali et Frédéric Chhum (MAC) répondent aux questions de Charlotte Hugon et Mathieu Davy.

Quelle est votre vision de l’Avocat de demain ?

L’Avocat de demain, c’est maintenant ; c’est quelqu’un qui doit être connecté et qui doit aller sur internet, pour essayer de trouver ses clients. C’est un Avocat qui communique beaucoup et principalement sur le web. Parce que si vous n’êtes pas sur internet aujourd’hui, alors sauf exception, vous n’existez pas.

Une étude récente révèle que 85 % des justiciables, face à un problème juridique, vont sur internet pour essayer de trouver la solution ou de trouver un Avocat. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ça ne m’étonne pas, 90 % de ma clientèle provient des personnes que je trouve sur internet, ou via un bouche-à-oreille qui vient de « clients internet ». Je publie beaucoup de brèves sur mon blog, que je poste aussi sur des blogs mutualisés.

Désormais, tout Avocat, à côté de son Cabinet, peut créer une activité connexe et accessoire, via une société commerciale et notamment dans le domaine des legaltech ou de la consultation. Vous êtes pour ?

Oui, je trouve ça génial. Ça donne d’autres manières pour un Avocat de générer du chiffre d’affaires. Après, l’Ordre doit proposer de la formation aux Avocats sur ce qu’on peut faire maintenant dans ce cadre. Par exemple, j’aimerais bien créer une société de recrutement de Confrères, de chasse de tête. Je pense naturellement que c’est connexe. D’ailleurs, dans le cadre du budget participatif, j’ai proposé de créer une legaltech pour noter les Avocats.

Vous êtes pour la notation des Avocats ? Entre confrères ?

Les Juges nous contraignent là-dessus désormais, depuis un Arrêt de la Cour de Cassation de mai 2017. Dès lors que les Avocats sont d’accord pour apparaître sur des sites de notation, la Cour de Cassation valide cette notation par des legaltech. Je pense que nous n’avons plus peur d’être « mal notés » mais qu’au contraire, on appréciera d’être bien noté et capter ainsi des clients.

Vous laisseriez également apparaître des commentaires de clients, comme sur Tripadvisor ?

Je dirais oui. Après il y aura un modérateur. Comme dans un restaurant. Chaque restaurateur maintenant doit être noté. Nous n’y échapperons pas. Et si ce n’est pas un Avocat qui le fait, ce sera un « braconnier du Droit ».

Quelles idées irez-vous porter pour que l’Ordre aide les Confrères à créer leurs entreprises ?

Au MAC, on défend principalement, mais pas seulement, les collaborateurs. Donc il faudrait déjà que l’Ordre initie les jeunes collaborateurs, à toutes ces possibilités. De plus je soutiens l’idée qu’on devrait solliciter des financements participatifs, pour nos entreprises et même, nos Cabinets.

Vous êtes pour l’ouverture aux capitaux extérieurs ?

Oui, si les internautes sont intéressés pour nous donner de l’argent, avocats, comme legaltech.

Pierre-Olivier SUR avait mis en œuvre Avocats-Actions-Conjointes. L’Ordre l’a supprimé, il est « en réparation », sans qu’on soit informé. C’était une superbe idée parce que l’Ordre directement nous permettait de lancer des actions conjointes. De plus, il faut continuer, voir institutionnaliser, le Barreau entrepreneurial pour qu’il devienne un véritable département de l’Ordre.

Avec plus de moyens, à la fois pour les Cabinets et pour les legaltech ?

Oui, et pour qu’on accueille dans ce Barreau entrepreneurial des personnes qui veulent créer des legaltech, et qui ne sont pas Avocats. Il vaut mieux qu’ils soient près de nous plutôt qu’ils nous concurrencent sauvagement.

Vous défendriez l’idée d’un label étique de l’Ordre sur les legaltech ?

Pourquoi pas un label de l’Ordre. Je préfère en effet un site labellisé par l’Ordre, ça peut être un gage. Via un vote d’une commission du Conseil de l’Ordre spécialisée dans les legaltech, pourquoi pas.

On imagine qu’en 2017, vous venez de prêter serment. Quels seraient vos réflexes pour exister dans la profession ? Pour vous développer ?

Se faire connaître. Ecrire des articles, pas seulement sur son blog, mais sur son blog mutualisé. C’est vraiment un bon moyen de se faire connaître en termes de référencement Google. Ensuite je m’inscrirais au Barreau entrepreneurial et j’essaierais de créer une legaltech. D’ailleurs, j’ai une proposition pour créer des LegalThursday, un rendez-vous tous les jeudis à 19 heures, pour que tous les Avocats de Paris se rencontrent pour discuter du recrutement d’un collaborateur, de la création d’une start-up, de la recherche de locaux, de comment financer son Cabinet, etc. Ce qui me choque, c’est que quand vous cherchez des locaux, vous ne publiez pas une annonce sur le site de l’Ordre, mais vous allez sur Village de la Justice. C’est là où Village de la Justice a gagné. Quand vous cherchez des locaux, vous allez sur une legaltech qui n’a pas été créée par des Avocats.

Avez-vous une conclusion sur cette thématique ?

Si j’étais jeune Avocat, je serais plutôt positif pour l’avenir. Quand j’ai prêté serment, les legaltech n’existaient pas ou étaient très peu répandues, et là le fait qu’on puisse développer de nouvelles activités connexes est très positif, très prometteur.

Interview réalisée par Charlotte Hugon et Mathieu Davy, Avocats et membres fondateur d’AvoTech


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