Cendrine Delivré, Of Counsel, Heenan Blaikie

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Cendrine Delivré, Of Counsel, Heenan Blaikie Le Monde du Droit a rencontré Cendrine Delivré, qui vient de rejoindre Heenan Blaikie en qualité d'Of Counsel.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Heenan Blaikie ?

J’ai fait le choix de rejoindre Heenan Blaikie AARPI en raison de son caractère extrêmement dynamique. Cette structure canadienne, implantée récemment sur Paris, m’a séduite par la haute intelligence juridique et humaine de ses équipes, animées par Maître Jean-François Mercadier, associé gérant du bureau de Paris doté d’une véritable "vision" pour le développement du cabinet.

Les compétences partagées, le caractère soudé des équipes, le dialogue sur les dossiers, l’ambiance chaleureuse du cabinet, les synergies intellectuelles existantes et les hautes compétences rassemblées en un même lieu m’ont donc véritablement attirés.

Outre son fort potentiel de développement, l’idée que ce cabinet puisse se développer en France et constituer une passerelle entre la France, le Canada, et le reste du monde (le continent africain notamment) m’a également enthousiasmée. Ayant compris que l’équipe Infrastructures et Projets d’Heenan Blaikie se développait, c’est avec grand intérêt et plaisir que j’ai choisi de les rejoindre, au vu de ma pratique antérieure dans ce domaine.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Mon parcours est partagé entre le secteur public et le secteur privé, ce qui est une richesse.

Je suis Professeur des Universités, Agrégée de droit public, après avoir suivi un cursus en formation initiale de droit privé (droit des affaires). Après un DEA en finances publiques et fiscalité, mon choix a été d’embrasser la carrière universitaire. Docteur en droit en 2004, je suis devenue Maître de conférences pendant un an, puis Professeur l’année suivante, à la faveur du concours d’agrégation.

Mon goût pour la pratique s’est développé à la suite de ces années de recherche, et j’ai commencé à conseiller des structures privées, tout en travaillant parallèlement pour mon université en tant que Vice-Présidente chargée des Affaires juridiques et financières. Ceci m’a permis de pratiquer en droit des contrats publics notamment, et m’a également donné la possibilité de mieux connaître certaines universités étrangères canadiennes et nord-américaines notamment. J’ai ainsi négocié et conclu, au nom de mon établissement, certains accords de coopération tant du point de vue de la recherche que de l’enseignement (Université d’Ottawa notamment).

J’ai également travaillé en tant que Professeur avec la Faculté d’administration de Sherbrooke, ce qui fut une expérience très enrichissante du point de vue de la comparaison des méthodes pédagogiques entre la France et le Canada. Après avoir également exploré le monde universitaire américain (université publique de Madison aux Etats-Unis, Wisconsin), je suis revenue sur Paris, où, parallèlement à mon activité universitaire, j’ai consulté en droit public des affaires pour un cabinet américain. Lorsque l’équipe d’Heenan Blaikie AARPI m’a proposé de les rejoindre, j’en ai été absolument ravie. Au vu de mon parcours antérieur, l’intégration à ce cabinet canadien d’envergure internationale était très naturelle et presque évidente. Je suis donc très heureuse d’avoir rejoint cette structure.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

Ce qui a le plus influencé ma carrière est l’intelligence et la passion pour le droit de certaines femmes et de certains hommes, que j’ai été amené à rencontrer tant à l’Université qu’au Barreau.

Le premier à avoir influencé ma carrière d’universitaire est certainement feu le Professeur Gabriel Montagnier, Professeur de finances publiques et fiscalité, qui m’a donné le goût de l’enseignement et de la pratique, et m’a fait confiance lorsque je lui ai soumis mon projet de thèse en Finances publiques, dans le laboratoire de recherches qu’il dirigeait alors.

Ensuite, d’autres rencontres, importantes, décisives, ont jalonné mon parcours. Elles continuent de le faire. Il est essentiel de pouvoir échanger et d’apprendre chaque jour de l’expérience d’avocats et d’universitaires hautement chevronnés. C’est essentiel pour transmettre à son tour, et pour grandir et pratiquer dans ce milieu.

Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?

Question difficile !

Celui de conseil : dans la négociation d’un contrat, satisfaire le client privé et la personne publique (en l’occurrence l’Etat) pour garantir au mieux la sécurité juridique et la rentabilité de l’opération de la personne privée et la protection des deniers publics. Equilibre subtil mais ô combien satisfaisant quand on arrive à « jouer » avec la règle de droit.

Celui de professeur : faire comprendre une règle technique réputée rébarbative à un amphi d’étudiants silencieux et passionnés. Les derniers cours où les étudiants vous remercient pour ce que vous leur avez apporté sont toujours émouvants.

Quels sont vos domaines de compétences ?

Le droit public des affaires, les financements publics, la sécurisation et l’optimisation des financements publics sont mes domaines de prédilection, en raison de mes travaux universitaires de recherche d’une part, et de ma pratique d’autre part.

Un autre aspect, plus traditionnel, de mes compétences est celui de la négociation des contrats publics (marchés publics, concessions, partenariats publics/privés), mais aussi de conseils aux sociétés privées (investisseurs, promoteurs, prêteurs) dans leurs rapports avec la personne publique.
Mes domaines d’intervention sont donc plus directement liés à une bonne connaissance de la sphère financière publique (aides d’Etat, garanties, subventions, fonds, dépenses fiscales), et aux conditions de mise en œuvre des financements publics.

J’ai également une attirance tout particulière pour le de droit de l’énergie et plus spécifiquement pour celui du marché carbone, notamment du point de vue de ses implications en droit public, qui sont tout à fait neuves et méconnues. La qualification juridique hybride des quotas d’émission de gaz à effet de serre en droit français rend en effet nécessaire l’élaboration d’une réglementation ad hoc, ce qui rend la matière particulièrement complexe mais également très intéressante par sa nouveauté. A ce titre, j’ai développé une pratique dans cette matière neuve et technique, ce qui m’a permis de proposer des enseignements de Master très spécialisés.

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?

Dans le secteur des financements publics, la matière est extrêmement mouvante du fait de la crise financière et de l’endettement public qui agite l’Europe. Les lois de finances ont encore diminué les dépenses fiscales (souvent improprement nommées « niches fiscales »). Il est à prévoir que de nouvelles lois de finances rectificatives prennent en compte la perte du AAA français pour prévoir de nouvelles règles budgétaires et comptables publiques et de nouveaux environnements juridiques, qui auront des répercussions tant sur le secteur public, que sur le secteur privé.

Cette situation économique et financière va relancer l’intérêt des personnes publiques et privées pour les partenariats publics-privés et va obliger de plus en plus les juristes de droit public et de droit privé à trouver des solutions originales en cette période troublée. C’est l’intérêt des avocats spécialisés dans le montage et le financement de projets aujourd’hui.

Qui conseillez-vous ?

Je conseille principalement de grandes sociétés privées qui ont pour projet de construire, d’exploiter et de gérer des infrastructures, en partenariat avec les personnes publiques.
Mais mon activité de conseil va également, dans certains cas, aux personnes publiques elles-mêmes (Etat, établissements publics nationaux) sur des questions administratives et financières.

Quels sont vos objectifs pour le cabinet ?

Mes objectifs sont les mêmes que ceux des associés et des collaborateurs de Heenan Blaikie AARPI à Paris, associés à ceux de Heenan Blaikie au Canada, à savoir développer un service de conseil de haut niveau à nos clients.

L’objectif plus précis en ce qui me concerne est de développer et de renforcer l’activité Infrastructures et Projets du cabinet, et de proposer à nos clients une véritable expertise en matière de montage de projets et d’infrastructures, en alliant une expertise en droit privé, en droit public, en financement de projets et en économie du projet. L’offre proposée est ainsi complète et l’équipe est ici hautement qualifiée.

L’équipe PPP–Infrastructures de Paris dispose, en outre, de toute la compétence des équipes canadiennes sur le sujet, lesquelles sont déjà très connues et dynamiques, et disposent d’une grande expérience. C’est donc particulièrement enthousiasmant et c’est un beau challenge à relever.


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