6e édition du Baromètre des legaltech françaises : 2022, l’année des concentrations

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Voici venu le temps de la troisième vague : après celle des créations (2015-2018), puis celle de la consolidation des business (2019-2021), l’ère est désormais à la concentration. Tel est le principal enseignement de cette 6e édition du Baromètre des Legaltech Maddyness / Lamy Liaisons, réalisée avec le soutien de la Banque des Territoires. Voici quelques chiffres clefs sur les tendances de cette nouvelle édition.

Cette année, ce ne sont pas moins de 377 acteurs qui ont répondu à cette grande enquête annuelle sur les tendances 2022 de la legaltech, qu’ils soient startups, PME/ETI, ou professionnels du droit ayant développé leur propre solution.

Plein feu sur le M&A

Le marché bruisse de discussions stratégiques, plus au moins longues, plus ou moins couronnées de succès. Pour Gaëlle Marraud des Grottes, « c’est l’une des tendances de cette édition : la très nette augmentation des rapprochements contractuels ou capitalistiques. L’ère est désormais très nettement à la concentration ».

Concrètement, la part des entreprises qui ont conclu ou/ont prévu de conclure un partenariat augmente (81% des legaltechs). Sachant que 63 % des répondants ont été approchés par un investisseur et que 8 % jettent l’éponge et aimeraient maintenant céder leur entreprise. 

Côté croissance externe, le baromètre révèle que 6% des répondants ont acquis ou sont en cours d’acquisition d’une société, française ou non. Un marché ouvert à la fois côté corporate (Dilitrust ou encore Septeo ont été particulièrement actifs), et entre startups.

La rentabilité progresse nettement

Certes, les tours de table sont en berne cette année pour les startup de la legaltech (- 44% en volume, avec 32,3 millions d’euros levés et une médiane en chute libre à 700 000 euros). Un chiffre à mettre en perspective dès lors qu’il s’agit d’« une tendance à la frugalité commune à toute la tech", souligne Etienne Portais, cofondateur et rédacteur en chef de Maddyness, "même s’il est plus accentué que pour les fintechs, par exemple (- 16% « seulement ») ».

Dans le détail, 12 % des startups de la legaltech ont bouclé un tour de table en 2022, un chiffre en baisse constante depuis 2019 ce qui est plutôt un bon indicateur (42 % des legaltech ont déjà levé au moins une fois des fonds). En effet, mieux vaut financer sa croissance grâce à ses clients qu’être dilué par l’entrée au capital d’investisseurs.

Mais la plupart des autres indicateurs financiers sont au vert avec, comme chaque année, un peu moins d’une dizaine d’acteurs qui se détachent nettement. 

Sachant que 15% des startups de la legaltech génèrent entre 1 et 30 millions d’euros de chiffres d’affaires, retenons que 6% de ces sociétés dégagent désormais entre 5 et 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un chiffre qui triple par rapport à l’année dernière). La part des legaltech qui génèrent un chiffre d’affaires significatif continue donc sa progression.

Autre chiffre ô combien important, la rentabilité. Ce sont désormais plus du tiers des entreprises qui se déclarent rentables (39 %).

Pour tirer leur croissance, les start-ups recherchent particulièrement deux profils. Sans surprise, sont concernés les business développeurs (27 %) et les développeurs (20%). De manière générale, les intentions d’embauches se maintiennent également plus que bien. L’année dernière 77% des répondants avait formalisé leur intention de recruter. Cette année les dirigeants sont de nouveau optimistes (73%). Avec deux nuances : toutes les intentions d’embauches de l’année passée n’ont pas été réalisées et celles prévues en 2023 seront majoritairement proposées par les 5 à 10 grands acteurs, role model reconnus par leurs pairs.

Les autres chiffres à retenir

  • Côté clientèle
    • Les solutions s’adressent à 84% à des entreprises (diminution constante des solutions destinées exclusivement ou non aux particuliers)
    • 75 % de ces solutions visent les professionnels du droit
    • 51 % des clients rencontrent des difficultés dans la prise en main de la solution (pour 19% des répondants, l’intégration de la solution dans le système d’information du client est une complexité à gérer ; dans 12 % des cas, ce sont le paramétrage et la prise en main qui posent problème)        
  • Côté frein réglementaire : si l’open data est encore cité comme frein au développement des legaltech, 79 % des sociétés déclarent ne pas être contraintes par le droit positif. Nouveauté à noter cependant, cette année : le RGPD est cité à plusieurs reprises, tout comme le manque de reconnaissance juridique des blockchains
  • Côté Market size : 37 % des legaltech entendent se développer en Europe dans les prochains mois, principalement en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse dans les pays nordiques ou encore en Espagne, Portugal et en Italie.  Sachant que 50% des répondants ne s’adressent qu’au marché français. L’Afrique est également citée à plusieurs reprises comme le prochain marché d’acquisition.
  • Côté RSE : la part des startups de la legaltech qui ont déployé des dispositifs liés à la responsabilité sociétale de l'entreprise double presque (48 % contre 25,3 % l’année dernière), l’environnement et les conditions et relations de travail étant les deux angles privilégiés (17%), loin devant la gouvernance, la loyauté des pratiques, etc.

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