Mouvements d'associés dans les cabinets d’avocats d’affaires en France : un mercato très dynamique en 2022

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PwC Legal Business Solutions publie la 16ème édition de son baromètre des mouvements d'associés dans les cabinets d'avocats d'affaires en France. En 2022, le mercato a été très dynamique avec 315 mouvements répertoriés en augmentation de 3% par rapport à 2021.

315 mouvements d’associés de cabinets d’avocats ont été observés sur le marché français en 2022. Une augmentation de 3% par rapport à 2021, mais surtout le signe que le plateau au-dessus des 300 mouvements des dernières années est un phénomène structurel.

« Les cabinets d’avocats d’affaires se structurent pour répondre aux demandes des entreprises pour toujours plus d’expertise face à 3 enjeux clefs : 1) des exigences réglementaires notamment sur le fiscal, les NTIC, l’ESG… 2) des bouleversements socio-économiques post Covid impactant l’immobilier, le droit social notamment… 3) les incertitudes liées à la guerre en Ukraine et la nouvelle donne géopolitique impactant l’activité commerciale des entreprises et en conséquence les contrats notamment » souligne Jérôme Rusak, associé de PwC Legal Business Solutions qui pilote ce baromètre depuis 16 ans.

180 : un nombre record de cabinets qui ont accueilli au moins 1 associé

En 2022, les mouvements d’associés se sont répartis sur 180 cabinets de destination, un record historique qui illustre le dynamisme du marché : il n’y a jamais eu autant de structures concernées par des mouvements d’associés. Ce phénomène peut être rapproché de l’explosion de créations de nouvelles structures ayant eu lieu ces deux dernières années.
On observe une remarquable stabilité du nombre moyen d’associés arrivant par cabinet : depuis 2006, en moyenne, les cabinets concernés accueillent 1,9 associés. En 2022, ce chiffre était de 1,8, en ligne avec la tendance historique.

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Stabilité des expertises générant le plus de mouvements et nouveaux records

Les mouvements d’associés par expertise constituent un reflet intéressant de l’évolution des besoins des directions juridiques, fiscales et compliance en termes d’expertise.

« Les directions juridiques et fiscales qui constituent des panels formels ou informels sont de plus en plus vigilantes sur ces mouvements d’associés par expertise, notamment dans leur réflexion d’optimisation du Make or Buy » souligne Jérôme Rusak.

  • Sans surprise, le Corporate/M&A génère, une nouvelle fois, le plus de mouvements d’associés (106 mouvements).
  • Le Fiscal grimpe à la 2ème place avec un record de mouvements (47). Cette tendance s’inscrit dans un contexte d’évolution des besoins des directions fiscales particulièrement intense avec les nouvelles obligations en matière de facturation électronique, Pilier 2, les prix de transfert, la conformité. Les cabinets d’avocats d’affaires cherchent donc à renforcer leurs expertises pour accompagner les clients sur ces sujets.
  • L’Immobilier signe également un record de mouvements pour la troisième année consécutive (32), et le droit des sociétés (23). Au-delà des sujets toujours prégnants de fiscalité de l’immobilier, plusieurs enjeux clefs nécessitent des expertises de plus en plus pointues notamment « l’immobilier responsable » avec l’enjeu carbone, l’enjeu énergétique, l’enjeu éthique des affaires (notamment la déontologie des investisseurs immobiliers en matière de transparence, de non-corruption et du devoir de vigilance) ou encore l’enjeu santé et sécurité des occupants mais également le développement des résidences services ou le redéploiement des sièges sociaux ou des bureaux dans un contexte post-covid.
  • On notera également l’entrée de l’IT et des NTIC/Media/Données Personnelles dans le top 10 des expertises qui ont généré le plus de mouvements, avec près de 60 mouvements en cumulé. Ces domaines totalisent 18% des mouvements et confirment l’attractivité de ces profils sur le marché. Ce phénomène fait écho aux besoins croissants des entreprises en termes de RGPD, qu’il s’agisse de mise en conformité d’abord, mais également du maintien de cette conformité. Ils sont également à relier au développement des problématiques de blockchain, de cybersécurité, de move to cloud mais aussi aux enjeux du marketing digital. Les risques liés aux données personnelles font d’ailleurs partie des risques identifiés comme ayant une forte probabilité d’occurrence (53%) par les entreprises du CAC401. Tout cela entraîne une véritable prise de conscience du côté des directions générales et des ouvertures de budgets.
  • En revanche, les mouvements concernant les expertises Environnement et Energie baissent fortement cette année (avec un plus bas pour l’énergie depuis 2012), à contre-courant des tendances sociétales, notamment l’émergence des problématiques ESG/RSE. Ce ralentissement des mouvements sur ces expertises pourrait s’expliquer notamment par le pic de croissance des mouvements durant les années précédentes qui conduit aujourd’hui à une stabilisation et à un renforcement des équipes par la base plutôt que par de nouveaux associés. On notera également que ces sujets sont traités aujourd’hui collectivement au sein des entreprises entre le Juridique, les RH et la Conformité en collaboration avec une fonction RSE/ESG qui peut être mono-personne.

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2 mouvements d’associés sur 5 concernent des femmes

124 mouvements ont concerné des femmes cette année, soit 39% du total des mouvements.
Depuis 10 ans, le poids des femmes dans les mouvements d’associés a augmenté progressivement, passant d’environ 30% à plus de 40% à partir de 2019. Depuis 2019, les chiffres ont oscillé entre 42% et 39%.
En termes d’expertises, comme c’est le cas au global depuis la création du baromètre, le droit social est l’expertise la plus féminisée avec 62% des mouvements d’associés en 2022. C’est également l’expertise qui a vu le plus grand volume de mouvements d’associées femmes (18) avec le M&A (31) et le contentieux (17).
On note cette année, une plus grande féminisation sur les domaines immobilier, construction urbanisme avec un taux de féminisation autour de 50%, contre une moyenne autour des 40% au global depuis la création du baromètre.
Parmi les autres expertises avec un taux de féminisation des mouvements le plus élevé en 2022, on identifie le droit international (5 mouvements sur 8, soit 63%) et l’arbitrage (13 mouvements sur 22, soit 59%).

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Jamais les femmes n’avaient autant bougé pour devenir associées (60 mouvements)

Les mouvements de femmes sont de plus en plus liés à l’association.
Les femmes représentent 43% des collaborateurs devenant associés – mouvements verticaux - alors qu’elles ne représentent que 39% des mouvements au total. Ainsi, la part de promotions externes parmi les femmes dépasse celle des hommes avec 48% - plus haut historique - contre 42%.
2022 est un plus haut historique aussi bien en pourcentage qu’en volume (60 mouvements) pour les collaboratrices devenant associées, devant 2021, qui était déjà un record.
Le changement de cabinet constitue encore cette année un levier promotionnel plus marqué chez les femmes que chez les hommes.
La proportion de mouvements horizontaux (associés restant associés) est plus importante - c’est la principale - chez les hommes (49%) que chez les femmes (44%), où le mouvement le plus fréquent est la mobilité verticale (collaboratrices devenant associées). Toutefois, homme ou femme, le pourcentage de promotions externes n’a jamais été aussi élevé dans l’ensemble des mouvements.

La promotion externe plus que jamais facteur de mouvement

Pour la première fois dans l’histoire du baromètre des mouvements d’associés, les mouvements de collaborateurs devenant associés en changeant de cabinet ont été équivalents aux mouvements d’avocats déjà associés.

En effet, alors que la proportion de la mobilité horizontale avait toujours été bien supérieure à la mobilité verticale, les chiffres sont, pour la première fois, quasiment identiques en pourcentage (47% vs 45%) comme en valeur (141 vs 148).

Ainsi, en 2022, 45% des mouvements d’associés ont concerné des collaborateurs devenant associés en changeant de cabinet. Un record historique, non seulement en pourcentage, mais aussi en volume avec 141 mouvements (contre 118 en 2021).

À l’inverse, la part des associés restant associés - mobilité horizontale - dans les mouvements baisse à 47% alors que la barre était à près de 60% depuis 2013 excepté en 2021 et 2018. C’est un plus bas historique.

Si la tendance se poursuit en 2023, pour la première fois, les mouvements d’associés pourraient majoritairement concerner des collaborateurs qui changent de cabinet pour devenir associés.

Moins de mouvements vers les cabinets de niche

Le poids des cabinets de niche dans les mouvements présente une forte volatilité et oscille entre 7 et 23% des mouvements de destination depuis 2006, sans qu’une tendance très claire ne se dégage.
Depuis 2019, toutefois, le taux dépassait systématiquement 20% des mouvements.
En 2022, les cabinets de niche n’ont représenté que 12% des cabinets de destination des mouvements d’associés. C’est donc une diminution d’environ 10 points par rapport aux années 2019, 2020 et 2021.
Cette baisse des mouvements d’associés pourrait s’expliquer par un ralentissement de la création de nouveaux cabinets de niche comme évoqué précédemment.

Vers un resserrement du nombre d’associés dans les cabinets américains

Les cabinets américains n’ont jamais accueilli aussi peu d’associés depuis la création du baromètre. On comptabilise en effet seulement 18 mouvements en 2022 (soit 6% des mouvements contre près de 15% ces dernières années). Le chiffre s’était pourtant stabilisé au-dessus de la barre des 40 arrivées par année depuis 2019.

Par ailleurs, les départs de cabinets américains ont plutôt été bas en 2022 (35) comparés au nombre de départs moyens depuis 2019 (47). Le ratio départs vs arrivées diminue fortement depuis 2020 passant de 1,23 à 0,51. Excepté en 2017 et 2020, le ratio a toujours été inférieur à 1 ces dix dernières années. Les cabinets américains semblent donc globalement perdre davantage d’associés qu’ils n’en recrutent, et ce phénomène semble s’accélérer depuis 2020.

Toutefois cette tendance n’est pas forcément un signe négatif. En effet, cette baisse s’inscrit dans un mouvement apparent de revue de la taille critique du nombre d’associés des cabinets américains sur le marché français permettant à ces derniers d’optimiser le PPP.

Seuls les cabinets français et les cabinets anglais recrutent plus d’avocats associés ou devenant associés qu’ils n’en perdent.

En parallèle, il est intéressant de noter que, proportionnellement, les cabinets anglo-saxons ont surtout tendance à s’alimenter entre eux. Ainsi, en 2022, 69% des mouvements ont eu lieu depuis des cabinets français et seulement 22% depuis des cabinets anglo-saxons. Pourtant 50% des associés arrivés dans des structures anglo-saxonnes proviennent déjà de ce type de structure : un associé d’un cabinet anglo-saxon est donc plus susceptible de rester dans ce type de structure dans le cadre d’un mouvement.


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