Bâtonnat Paris 2016 : David Gordon-Krief et Hubert Flichy

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David Gordon-Krief et Hubert Flichy

Le Monde du Droit a rencontré David Gordon-Krief et Hubert Flichy, candidats au bâtonnat et vice-bâtonnat du barreau de Paris.

Pourquoi vous présentez-vous ?

David Gordon-Krief (DGK) : Je suis passionné par cette profession que j’exerce depuis 25 ans. Fils et petit-fils d’avocats, j’ai toujours eu un engagement au service des avocats et de la Profession à côté de mon exercice professionnel.

J’ai d’abord exercé dans de grands cabinets d’affaires à Paris et à New-York avant de rejoindre le cabinet familial et de contribuer à son développement. Nous sommes aujourd’hui plus de 30 avocats. Ces expériences m’ont ouvert les yeux sur les manières différentes d’exercer et je veux les mettre au service du Barreau de Paris.

Mon parcours syndical m’a également énormément enrichi. J’ai toujours été animé par la volonté de faire avancer cette profession. C’est pour cette raison que j’ai rejoint l’Union des Jeunes Avocats de Paris (UJA) dont je suis devenu Président, avant de présider la FNUJA ou de siéger au sein du conseil de l’Ordre du barreau de Paris.

A force de rencontres, de travail, de projets et d’avancées concrètes, j’ai décidé de poursuivre l’aventure à la présidence de l’UNAPL, ce qui m’a permis d’aborder transversalement les problématiques de l’entrepreneuriat avec ces exigences fiscales, sociales et sociétales. J’ai eu à cet égard le privilège de représenter tant les professionnels du droit que ceux du chiffre et de la santé.

Les sujets ont été nombreux et passionnants : désertification, accompagnement, formation, maillage du territoire. C’est dans ce cadre que j’ai développé avec mes équipes vingt-cinq maisons des professions libérales sous mon mandat, ce qui prouve qu’avec de la détermination et de l’unité, nous pouvons faire des choses !
L’un de mes constats est que les avocats, contrairement à d’autres professions, ne sont pas unis. C’est la seule profession qui continue à penser régulièrement qu’on réussit mieux seul qu’ensemble ! Non seulement la profession laisse « passer les trains », mais elle empêche parfois ceux qui veulent conquérir les nouveaux marchés de le faire. On utilise la déontologie comme un frein plutôt qu’un moteur !

Tous ces investissements me donnent le sentiment d'avoir acquis une expérience distinctive en étant capable de fédérer malgré les différences.

J’ai la conviction que quand on a été capable de défendre des intérêts communs aux infirmiers, experts-comptables, avocats, architectes ou sages-femmes, on est capable de fédérer les intérêts des avocats qui font du droit de la famille et ceux qui font du droit des affaires.

Hubert Flichy (HF) : Je me suis toujours présenté comme un "enfant gâté" du barreau de Paris. J’ai eu la chance de débuter chez Gide, cabinet pour lequel j’ai travaillé pendant 25 ans et qui m’a permis de développer le droit social, matière complètement ignorée à l’époque.

Ensuite, j’ai souhaité créer mon cabinet, le cabinet Flichy Grangé qui est aujourd’hui l’un des principaux cabinets en droit social avec 100 personnes dont 70 avocats.
Au cours de ma vie professionnelle, j’ai eu l’envie de réunir les gens pour créer de l’unité dans un barreau qui en manque.
C’est ainsi notamment que j’ai créé Avosial, un syndicat qui regroupe les avocats qui font du droit social pour les entreprises. Aujourd’hui, cela représente 400 avocats.
Par ailleurs, avec la confiance de 250 confrères, nous avons créé quelque chose d’inédit, qui va révolutionner les pratiques et le monde du droit . Nous avons préfiguré un centre d'arbitrage du droit du travail, qui va contribuer à donner davantage de travail à nos confrères, qu’ils agissent en tant qu’avocats ou en tant qu’arbitres.

De même, j’ai un autre projet qui me tient à cœur, les "senior du pro bono" pour lequel je suis entrain de mobiliser des confrères retraités pour qu’ils puissent être utiles pour la profession et pour les confrères qui ont un besoin ponctuel.
Tout cela va dans le même sens. J’ai envie d’être utile. Pour être utile, il faut être efficace.
Pour être efficace, il faut avoir les moyens. A deux, on est bien meilleurs que tout seul !
Après avoir imaginé me présenter en numéro un, en voyant David j’ai fait le constat que nous partagions la même vision du barreau et que je serai plus utile pour la profession en numéro deux.

Pouvez-vous nous parler de votre programme ?

DGK / HF : C’est d’abord une vraie vision, un vrai engagement politique.
Nous n’arriverons à rien en termes d’unité, de prospérité si nous ne sommes pas tous ensembles avocats dans nos diversités.
Cela signifie que la formation continue, les services de l’Ordre, la communication doivent être utiles à tous et adaptés aux problématiques de nos confrères qui sont différentes selon leur activité.

Dans le domaine "régalien", le bâtonnier ne peut plus être une autorité de poursuite. L’autorité de poursuite doit être indépendante.
De même, en ce qui concerne la déontologie, nous voulons créer un corps professionnel de déontologues avec une procédure de rescrit comme en matière fiscale.
Nous proposerons aussi un système d’affacturage pour améliorer la trésorerie des cabinets d’avocats.

Notre Barreau est une force, il est riche de sa diversité, riche de sa jeunesse et riche de sa compétence.

Mais nous voulons le rendre davantage performant et proposons pour cela de mettre à la disposition de nos confrères de nouveaux servies et de nouveaux outils.

Nous avons annoncé il y a déjà plusieurs mois la création d’une Maison des Services connectée et partagée qui mettra à disposition de tous les avocats (physiquement et numériquement) des services en matière d’assurance, de financement, d’accompagnement, de création de cabinet…

Tandis que la société se judiciarise et que de nombreux marchés s’ouvrent à notre profession, nous voulons également renforcer l’attractivité du Barreau de Paris en réaffirmant le rôle et la place de nos cabinets et de notre droit en Europe. L’influence par le droit est un levier au service de notre profession. Nous devons porter partout le message que le droit est au cœur des relations humaines et économiques, et que les avocats sont les partenaires incontournables de la croissance et de la vie.

Quelle doit être la place du barreau de Paris dans les institutions de la profession ?

DGK / HF :  Le barreau de Paris est un très grand barreau mais il n’est pas "toute" la France. Si nous ne sommes pas ensemble avec tous les barreaux, nous n’irons nulle part.
Ensuite, seulement, nous pourrons renvoyer l’image d’une profession unie.

A quand un Président des Avocats de France ? Pour avoir une profession unie, il faut une institution avec un avocat à sa tête, qui parle au nom de la profession comme les notaires, les experts-comptables ou les médecins.
Et le bâtonnier du barreau de Paris ne sera pas concurrent du Président des Avocats de France.
Si nous sommes élus, nous travaillerons avec le CNB.

Il nous faudra par ailleurs repenser la représentation nationale pour qu’elle permette à la profession d’être plus forte.

Etes-vous favorables à l'interprofessionnalité ?

DGK / HF : L’interprofessionnalité, nous la vivons au quotidien dans notre activité.
Depuis toujours, les avocats ont à travailler avec d’autres qui interviennent dans d’autres domaines.

Mais nous serons extrêmement vigilants à la préservation du périmètre du droit et particulièrement sévères avec ceux que l’on appelle les braconniers du droit.

Avec ces réserves, il nous semble que l’interprofessionnalité est une des bonnes réponses à ces questions de concurrence avec les autres professions.

Que pensez-vous des Legal start-ups ?

DGK / HF : Il faut se garder de toute caricatures dommageables et risquées. Pour beaucoup d’entre elles, ces sociétés ne font pas de conseil et procurent souvent des documents utiles et intéressants pour nombre de nos confrères grâce à des algorithmes sophistiqués.

L’évolution de la technologie, soit on se l’approprie et cela devient un outil de développement, soit on considère cela comme un concurrent mais à ce moment là le combat nous semble perdu d’avance.

Nous devons bien entendu rester intransigeant sur le respect nos règles professionnelles mais plutôt que d’engager des dépenses inutiles et considérables pour tenter de développer ou de contrer ces plateformes, proposons plutôt un système de labellisation qui respectent la déontologie de notre profession et qui sera bien plus utiles à notre profession et aux justiciables..

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ? 

DGK / HF :  Un mot d’abord sur la candidature du vice-bâtonnier. A titre préalable ce n’est évidemment pas une question d’homme ou de femme mais bel et bien de respect de l’Institution et de loyauté. Il faut rappeler que le bâtonnier et le vice-bâtonnier ont changé le calendrier électoral. Cela fait des décennies que les élections ont lieu fin novembre-début décembre. Selon l’équipe en place, il s’agissait de raccourcir la durée du Dauphinat, de supprimer le vote de confirmation et de faire en sorte que les élections du Bâtonnat et du conseil de l'Ordre aient lieu au même moment, au mois de juin. Outre le fait que cette modification de calendrier coûtera, selon les propres déclarations du vice-bâtonnier devant le CNB 400.000 €.

A titre personnel, la campagne a été allongée de 7 mois et le 17 mars nous avons appris qu’effectivement la rumeur était justifiée et que le Vice Bâtonnier se présentait ! Dans un système démocratique, où notre Ordre se veut exemplaire, il est effarant que ceux qui changent la règle électorale puisse décider de se l’appliquer !

Au-delà de la situation terriblement préjudiciable pour notre Barreau d’un Vice Bâtonnier qui au milieu du mandat qui lui a été confié par les électeurs se met en campagne plutôt que de réaliser les missions pour lesquelles il a été élu, la situation crée évidement un déséquilibre avec les autres candidats auxquels il a été interdit pendant des mois d’intervenir dans des colloques au prétexte qu’ils étaient eux-mêmes en campagne.
En ce qui concerne notre candidature, nous sommes avec Hubert Flichy complémentaires, non concurrents et respectueux. Nous nous sommes choisis.
Nous avons une expérience de l’action.
Nous saurons faire parce que nous avons fait par le passé dans nos différentes fonctions.
Nous avons tous les deux des réussites entrepreneuriales.

Enfin, en ce qui concerne la parité, le cabinet de Hubert Flichy est le 3ème en France en la matière. Dans le cabinet de David Gordon-Krief, il y a 14 associés, 7 hommes et 7 femmes.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)

A propos des candidats


David Gordon-KriefDavid GORDON-KRIEF, Candidat au Bâtonnat 2016
David Gordon-Krief est avocat au barreau de Paris depuis 1988.
Il est Associé au sein du cabinet SBKG.
Il  a été Président de l’UJA de Paris de 1997 à 1998, membre du conseil de l’Ordre de 1999 à 2001, Président de la FNUJA en 2002, conseiller du bâtonnier en 2004 et président de l’UNAPL de 2010 à 2013. Il préside le groupe des professions libérales au sein du Conseil économique social et environnemental (CESE).



Hubert FlichyHubert FLICHY, Candidat au vice-Bâtonnat 2016
Hubert Flichy est avocat au barreau de Paris depuis 1974.
Hubert Flichy est Associé au sein du cabinet Flichy Grangé qu’il a fondé, il y a 15 ans.
Il a été membre du Conseil de l’Ordre (1994-1996), Coprésident de la Commission de droit social du Barreau de Paris (1993-1999) et Secrétaire de la Commission de l’Exercice.
Il a été président de l’European Employment Lawyer Association (EELA), association regroupant près de 500 avocats en droit social, de 2001 à 2003.
En 2004, il a créé AVOSIAL, un syndicat qui regroupe des avocats d’entreprise en Droit social. Il est Président du Centre National d’Arbitrage du Travail.

 Site de campagne de David Gordon-Krief et Hubert Flichy, "Nous Avocats" - http://www.nousavocats.fr/

David Gordon-Krief et Hubert Flichy


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