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Florence SchlegelDirectrice juridique Monde chez ARKÉMA, leader français de la chimie, Florence Schlegel partage son activité entre la France et les États-Unis, notamment. Un perpétuel va et vient qui lui va bien. Quelle place a-t-elle dans l’univers très masculin de la chimie ? C’est ce que nous avons voulu savoir en allant à sa rencontre.

Directrice juridique monde du Groupe Arkema, pouvez-vous nous présenter votre poste et votre parcours au sein du Groupe ?

Pour présenter la fonction juridique, j’occupe effectivement le poste de directeur juridique du Groupe, au niveau monde, qui regroupe une centaine d’usines. Le Groupe Arkema c’est 14 000 personnes et des problématiques dans la majorité des pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord, un petit peu maintenant en Amérique du sud aussi, donc avec un périmètre très large. Une équipe de vingt-cinq personnes est basée ici à Paris au siège ; une autre partie de l’équipe est basée à Philadelphie aux Etats-Unis composée, quant à elle, d’à peu près une vingtaine de personnes.

En ce qui concerne mon parcours au sein d’Arkema, je suis arrivée dans le groupe il y a deux ans pour occuper un poste que j'occupe toujours à ce jour ! Si les caractéristiques du poste n'ont pas tellement évoluées sur cette période, un changement néanmoins peut être souligné concernant l'activité. En effet, à mon arrivée -nous étions à la fin de la crise 2008-2009- l’activité de la chimie était moins importante qu’aujourd’hui ; la chimie est en mouvement. L’activité s’est intensifiée d’abord en 2010. Depuis 2011, nous avons une activité effectivement très importante, surtout en M&A.

Comment se traduit l'aspect international de votre activité ?

D'abord il y a beaucoup de déplacements ! Cela fait des années que je voyage car déjà, durant mon précédent emploi, j’avais la responsabilité d’une zone qui m'amenait à beaucoup me déplacer. J'ai donc toujours privilégié le contact avec les gens et les déplacements ! C’est vrai que si certains aiment bien rester dans leur bureau; moi je suis soit souvent entre deux bureaux au niveau local, soit effectivement ailleurs pour rencontrer les gens pour discuter face à face. Comme nous avons une équipe aux Etats-Unis, je la rencontre bien évidemment de façon régulière pour faire le point sur les dossiers et sur ce qui se passe au sein de l’équipe. En dehors de cela, étant aussi le représentant au niveau corporate de la fonction juridique, je suis forcément partie prenante dans les dossiers qui ont une importance dite corporate. Les dossiers du groupe Arkema m’amènent principalement aux Etats-Unis en ce moment, dans certains pays d’Europe, en Corée, en Chine et potentiellement au Brésil, ou encore à Bruxelles à la commission européenne.

Au niveau du groupe, comment la direction juridique s’organise t’elle ?

Au sein de la direction juridique, l’organisation est répartie par pôles d’activités. Chacune des personnes a, en général, un double rôle : elle doit avoir d’abord des compétences, et ensuite des expertises. Nous avons environ 45 juristes répartis entre un pôle droit de la concurrence, un pôle droit de l’environnement, un pôle corporate, un pôle M&A, et un pôle contentieux.

Chaque pôle a une double casquette puisqu’il prend en charge les problématiques juridiques de quelques-une des 14 business units Monde.

Quelles sont les compétences essentielles que vous recherchez chez les juristes d'entreprise qui composent votre équipe ?

Les profils sont assez variés. Mais avant tout nous demandons aux juristes d'avoir des compétences en matière de droit des affaires évidemment, mais également en droit de la concurrence, ou en droit de l’environnement : dans le secteur de la chimie c’est fondamental ! Avec des réglementations de plus en plus strictes, comme "Reach" par exemple, nous nous devons d'avoir des gens compétents dans ces domaines.

De plus, Arkema étant une société cotée, nous avons des experts en droit boursier ; et, également, des experts en matière financier pour négocier des lignes de crédit entre autres.

Notre pôle en matière de droit de la concurrence est un pôle important pour la chimie. Au sein du pôle de la concurrence, nous avons aussi, maintenant, des experts en matière de compliance, domaine en pleine évolution.

Comment se traduit au sein du groupe Arkema l'implication en matière de responsabilités sociétales et environnementales ?

Depuis plusieurs années, Arkema est engagé dans une dynamique d’amélioration continue dans les domaines de la sécurité et de la protection de la santé et de l’environnement, avec trois objectifs essentiels : maîtriser les risques industriels, réduire l’empreinte de ses activités sur l’environnement et préserver les ressources naturelles ; optimiser la gestion des produits, tout au long de leur cycle de vie ; et mieux intégrer les activités industrielles dans leur contexte local. Composante majeure du développement durable, cette démarche de progrès privilégie le dialogue et la concertation avec l’ensemble des parties prenantes. A cet égard, le groupe Arkema adhère au Responsible Care®, l’engagement volontaire des industries chimiques pour l’amélioration de la sécurité, de la protection de la santé et de l’environnement, sous l’égide de l’International Council of Chemical Associations (ICCA) au niveau mondial et du Conseil Européen de l’Industrie Chimique(CEFIC) au niveau européen. Une démarche reprise par les fédérations nationales, notamment en France par l’Union des Industries Chimiques (UIC) sous l’appellation Engagement de Progrès®.

De plus, nous avons établi au sein du Groupe, avec notamment l’input principal du contrôle interne et de la direction juridique, un comité qui suit toutes ces règles de très près. Cette année, nous allons mettre en place, pour la première fois dans le groupe Arkema, un code de conduite monde dans lequel toutes ces règles vont se retrouver. Elles seront applicables à l’intégralité de la population Arkéma.

Nous sommes, par ailleurs, membre des groupes qui développent et qui discutent de ces sujets là, que ce soit l’AFEP, le MEDEF, l'AFJE ou encore le Cercle Montesquieu.

Vous qui êtes amenée à côtoyer des directeurs juridiques d’autres pays, qui bénéficient du legal privilège, quel est votre avis sur la confidentialité des avis, et sur la question, notamment, d’un statut d’avocat en entreprise ?

Je n’ai jamais participé vraiment à cette bataille là, probablement parce qu’il y a déjà beaucoup de sujets à traiter ici.

Je reconnais cependant qu’avoir la possibilité de bénéficier d’un legal privilège me semble important. Je travaille beaucoup avec l’équipe américaine qui bénéficie du legal privilège. C’est vrai que c’est un peu compliqué et ne pas en bénéficier met sûrement de temps en temps des bâtons dans les roues des entreprises. Maintenant, je dois être une des rares à ne pas vivre comme quelque chose de frustrant !

Propos recueillis par Anne-Laure Blouet Patin, Directrice de la rédaction Lexbase

A propos

jem12Cet article provient du numéro 12 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial est consacré à la 42 ème assemblée générale de l'AFJE.

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