Charles Ohlgusser, candidat à la présidence de l'UJA de Paris : « L’UJA est solide par sa doctrine et ses positions »

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Le Monde du Droit a interrogé Charles Ohlgusser à propos de sa candidature à la présidence de l'UJA de Paris.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis avocat depuis février 2016. A l’issue d’un parcours universitaire initialement orienté en droit des affaires internationales à Aix-en-Provence, j’ai effectué un an de stages dans des cabinets d’avocats étrangers, au Sénégal, au Vietnam et en Corée du Sud où je suis retourné par la suite dans le cadre de mon PPI. 

A l’école du Barreau de Versailles, j’ai découvert l’exercice de la plaidoirie, et ai aimé la force de conviction que celui-ci nécessite. Je me suis alors « réorienté » dans mes premières années d’exercice professionnel vers le droit pénal des affaires, puis vers le droit pénal général en passant un an au Barreau de Saint-Denis de la Réunion en 2017 ou j’ai pu « mettre les mains dans le cambouis » du droit pénal classique du quotidien. Revenu à Paris en 2018, j’ai rejoint un cabinet orienté vers le droit pénal et le droit des étrangers, dans lequel je suis toujours collaborateur. 

Aujourd’hui, je pense avoir une culture juridique assez transversale. J’ai connu plusieurs types de structures, des Barreaux différents aux pratiques différentes et des collaborations difficiles comme extraordinaires. 

C’est peut-être ce parcours atypique, aussi bien universitaire que professionnel et la découverte de la richesse des modalités d’exercice de notre profession qui m’ont donné envie de participer activement à la vie de celle-ci. 

Pourquoi avez-vous rejoint l’UJA de Paris ?

Je suis arrivé à l’UJA un peu par hasard. En 2014, j’étais élève-avocat et me rendais à une conférence à l’EFB. Aminata Niakate, Présidente de l’époque, y tenait un stand, et expliquait ce qu’était l’UJA aux élèves qui passaient. 

J’ai toujours aimé m’impliquer dans le bénévolat, rencontrer et échanger avec des personnes de tous horizons, au sein de la profession, l’UJA semblait assez idéale pour cela. 

Je me suis laissé convaincre, sans trop savoir où j’allais, et j’ai signé un bulletin d’adhésion. 

Une fois le CAPA en poche, j’ai rejoint quelques amis à un apéritif organisé par la Revue de l’UJA (la pièce de théâtre annuelle de l’association). Le courant est tout de suite passé avec la troupe, et j’ai présenté ma candidature à la Commission permanente (assemblée délibérante de l’UJA) dans la foulée, en travaillant plus spécifiquement au sein de la commission pénale. 

La Revue m’a beaucoup occupé et apporté. En 2018, lorsque j’étais à la Réunion, j’écrivais des scènes et suivais de près l’actualité du Barreau de Paris. Je suis rentré sitôt ma mission terminée pour remonter sur les planches et j’ai assuré la direction de la quasi-prémonitoire « Dernière Revue avant la fin du monde » aux côtés d’Anne-Sophie LAGUENS. 

Parallèlement, je me suis de plus en plus impliqué dans l’organisation de l’UJA, en participant non seulement aux présentations de l’UJA lors des prestations de serment mais aussi en travaillant au sein de la commission pénale. L’ensemble des travaux de l’association m’ont passionné, et je n’ai pas le souvenir d’avoir raté une seule commission permanente depuis.   

En 2020, Simon Dubois, qui allait devenir le Président 2020/2021, m’a proposé d’entrer au bureau au poste de Vice-président. 

J’avais notamment pour mission de l’aider à resserrer les liens entre adhérents. Je me suis, par ailleurs, impliqué sur un grand nombre de sujets, tels que, par exemple, le rapport sur l’avocat en entreprise ou l’organisation d’un colloque sur les droits de la défense. A cela s’est ajouté des missions plus ponctuelles comme venir en soutien du secrétariat général (dont le travail fut remarquable cette année), dans le cadre notamment des formations gratuites que l’UJA dispense ou de l’organisation d’événements internes de l’association quand ils étaient possibles. 

Enfin, tout au long de l’année, j’ai appelé autant que possible les adhérents n’exerçant pas un mandat électif afin d’échanger avec eux. Je me suis rappelé mes moments difficiles de jeune collaborateur, quand je n’osais pas poser les questions qui me préoccupaient.

Ce souvenir m’a fait penser qu’en l’absence de rencontres physiques depuis plus d’un an, du fait de la crise, nous devions aller davantage vers les Confrères, ne serait-ce que pour savoir si tout se passait bien. 

J’ai pu découvrir que, si pour une majorité de nos adhérents, la vie suit son cours sans trop de difficultés, pour d’autres une réelle souffrance se dessine. En notant peu à peu l’ensemble des idées, réflexions et parfois reproches qui nous étaient faits j’ai pu voir plus clair sur ce qu’est notre association, la réalité du tissu qui la compose et les attentes des jeunes avocats. 

J’ai pris beaucoup de plaisir à réfléchir avec nombre d’entre eux sur le sens que nous devions donner à notre profession et sur les directions vers lesquelles il fallait nous orienter.

J’ai rejoint l’UJA parce que je voulais améliorer autant que possible le bien-être des confrères et, malgré les nombreux progrès que nous avons portés, je sais aujourd’hui combien la tâche est encore grande. La motivation du bureau avec laquelle j’ai pris un immense plaisir à travailler cette année, me fait penser que nous sommes prêts à nous y atteler et qu’il faut poursuivre cette dynamique.  

Vous êtes candidat à la présidence de l’UJA de Paris, quels grands projets entendez-vous porter ?

Avant tout, je sais que ma candidature au poste de Président peut étonner. Elle me semble cependant répondre à une envie d’expression démocratique que les jeunes avocats attendent. La démocratie c’est l’émulsion des idées, ça ne peut que renforcer le dynamisme d’une association. 

Je suis extrêmement motivé à vouloir poursuivre les actions développées depuis un an et comme je vous l’ai indiqué, nous avons beaucoup à faire.

Parmi les adhérents, beaucoup m’ont sollicité pour accroître l’effort en direction de celles et ceux qui souhaitent s’installer. Certains s’installent par défaut, à la suite d’une collaboration difficile ou même parce qu’ils ne parviennent pas à intégrer un cabinet. Les avocats peuvent être vus comme des entrepreneurs, ils subissent la concurrence d’un marché qui, sur certains secteurs, est particulièrement concurrentiel. Il faut qu’au-delà de la diffusion d’un guide de l’installation, nous pensions plus globalement celle-ci et que nous apportions des réponses à toutes les questions qu’elle suscite. De la domiciliation aux complémentaires retraites, en passant par les indemnités journalières et le recrutement des collaborateurs, l’UJA a de nombreux chantiers en cours qu’elle doit poursuivre. 

J’ai également pu constater qu’un grand nombre de jeunes adhérents de l’UJA de Paris sont issus de cabinets d’affaires. Pour autant, ils ne se sentent pas suffisamment représentés dans la profession et s’en désintéressent. C’est à nous d’aller dans leur direction. Cela passe notamment par des formations attendues, telles que « mon premier dépôt de brevet », « mon premier montage de société » ou encore un colloque sur le droit des affaires internationales, mais également par la création de liens plus forts. Je souhaite que l’UJA deviennent un espace de rencontre pour ces derniers. Ils pourraient échanger, se rencontrer, se soutenir tout en étant issus de cabinets différents. Pourquoi pas au travers de déjeuners ou d’apéritifs dédiés.

En outre, si nous pouvons nous considérer comme des entrepreneurs, nous somme toutefois liés par notre obligation de respecter des règles déontologiques strictes. Nombre d’adhérents constatent des manquements. L’UJA n’est évidemment pas en charge de la discipline, mais nous devons collectivement être plus alertes. Reprendre les formations en déontologie mais aussi réfléchir à ce que sera la déontologie de demain. 

Autre exemple de lien à renforcer : ceux qui nous lient à l’Ecole du Barreau. La crise sanitaire a été particulièrement isolante pour les élèves-avocats. Nous avons organisé des rencontres en visio pour leur rappeler que l’UJA restait à leur côté, mais nous devons faire plus. Ils nous attendent. 

Aussi, nous devons retourner à l’EFB le plus tôt possible. Ecouter les élèves-avocats, les rassurer, les aider et faire savoir que nous les défendons lorsque des difficultés surviennent dans le cadre du stage. Peu d’entre eux savent que « SOS collaborateurs » et « SOS élèves-avocats » sont à leur disposition et que « balancer » sur les réseaux sociaux n’est pas suffisant. Il faut aussi leur donner des outils pour qu’ils appréhendent mieux les enjeux de la profession dès le début. Nous ne devons pas seulement attendre qu’ils nous contactent, nous devons plus que jamais aller vers eux. 

Enfin, sur les réflexions de fond, l’UJA est solide par sa doctrine et ses positions. Elles avaient été compilées dans un livre bleu rédigé sous la présidence de Philippe Jacob en 1968. Je pense sincèrement que nous devons réfléchir à la doctrine de demain. Nous devrons prendre des positions fortes. L’occasion du centenaire de l’association dans deux ans, est parfaite pour entamer ce travail de fond qui me semble aujourd’hui capital. 

En trois mots, je souhaite inscrire le mandat qui me serait confié dans une dynamique d’écoute, de courage et de rassemblement. L’UJA a toute sa place au sein du barreau de Paris, dont la moyenne d’âge est particulièrement jeune.

Les Jeunes avocats doivent continuer d’être des acteurs incontournables, à la fois centre de réflexion, force de proposition et, quand cela est nécessaire, être le caillou qui se glisse dans la chaussure des instances ordinales comme nationales. 

Surtout, nous avons besoin de nous retrouver, nous avons besoin d’être effervescents, et, en cette période morose, nous avons plus que jamais besoin de rire. Je n’aurais, pour finir, qu’un conseil à donner aux jeunes qui nous rejoignent : que ce soit à l’UJA ou ailleurs, INVESTISSEZ-VOUS ! Ne vous isolez pas ! C’est le meilleur moyen de vivre pleinement votre profession.  


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