Thomas Baudesson et Clarisse Surin, candidats au co-bâtonnat de Paris, présentent leur vision pour le barreau parisien, centrée sur l’humain, l’innovation et l’éthique. Leur objectif : instaurer un « choc éthique » au sein de la profession.
Pourquoi êtes-vous candidats au bâtonnat ?
Thomas Baudesson :
Pour moi, cette candidature représente une mission. Je veux faire évoluer les relations entre avocats et magistrats, en prônant une justice basée sur la confiance.
Ce fossé nuit à la crédibilité des avocats, qui ne sont pas toujours écoutés.
Après 37 ans d'expérience, je ne peux pas accepter cette situation. Je souhaite renforcer les règles déontologiques, les clarifier et les faire respecter pour restaurer la confiance perdue.
Clarisse Surin :
Je suis avocate par passion. J'adore cette profession et cela me motive profondément. Cependant, j'entends souvent des jeunes avocats exprimer leur désillusion face à un manque d'attractivité dans notre métier.
Le comportement de certains confrères nuit à notre image, et le non-respect de la déontologie est inacceptable. Nous avons un rôle essentiel dans la société, et il est impératif d’en être conscients.
Je m'inquiète également pour le bien-être des avocats. Je souhaite que chaque avocat puisse exprimer ses fragilités sans crainte de représailles.
Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter en co-bâtonnat ?
Clarisse Surin et Thomas Baudesson :
Nous croyons que le co-bâtonnat favorise la complémentarité et la représentativité. Parce que nous voulons passer de la parité à l’égalité.
Cette formule permet une meilleure répartition des tâches et une présence continue auprès des avocats. Cela nous aidera à aborder des enjeux d'éthique et de transparence.
Quels sont les grands axes de votre programme ?
Clarisse Surin et Thomas Baudesson :
Nos grands axes sont centrés sur l'humain et l'éthique. Nous proposons tout d'abord de redéfinir et préciser les règles déontologiques dans le règlement intérieur du barreau de Paris, en mettant l'accent sur des principes tels que la loyauté et la probité. Il est crucial d'avoir des règles claires afin que tous puissent s'y référer sans ambiguïté. Nous voulons créer un choc éthique.
Nous constatons qu'il y a encore trop de différends liés à la parentalité dans notre profession, et cela n’est pas acceptable. Il est impératif que l’Ordre prenne cette question au sérieux et modifie le RIBP.
Pour nous, la santé est primordiale. C’est troublant de voir autant de confrères exercer en étant épuisés professionnellement.
Nous avons assisté à des cas de décès et de crises cardiaques, et cela ne peut pas être uniquement dû à des problèmes de santé physique, mais aussi au stress énorme que nous subissons. Nous pensons qu’il est crucial de parler de la santé mentale et physique des avocats et d’organiser une journée de prévention sur les risques professionnels spécifiques à notre métier.
Nous souhaitons également étendre la ligne d'alerte existante pour signaler tout comportement contraire à l'éthique, en utilisant l'intelligence artificielle pour systématiser le traitement des signalements. Cela permettra d'identifier plus facilement les comportements récurrents chez certains confrères.
Enfin, pour renforcer la transparence, nous nous engageons à publier nos comptes de campagne, que nous soyons élus ou non.
Quels sont les dysfonctionnements à l'Ordre ? Que proposez-vous comme solution(s) ?
Clarisse Surin et Thomas Baudesson :
Nous avons identifié plusieurs dysfonctionnements au sein de l'Ordre, notamment un manque de transparence dans la gouvernance et une perception de favoritisme dans l'attribution des postes. Cela a conduit à une méfiance croissante parmi les avocats envers leur institution. Pour remédier à ces problèmes, nous proposons plusieurs solutions concrètes :
- Nommer un déontologue ou une personnalité qualifiée reconnue pour ses compétences en éthique afin qu'il puisse améliorer le fonctionnement de l'Ordre et établir un rapport annuel avec des recommandations sur ce qui pourrait être amélioré.
- Rendre les comptes de l'Ordre totalement transparents afin que chaque avocat puisse avoir accès aux informations financières pertinentes.
- Mettre en place "Avocatcare", un dispositif permettant aux avocats en burn-out de mettre leur activité en sommeil pour prendre soin d'eux.
- Créer "Materlegal", une plateforme utilisant l’intelligence artificielle qui vise à centraliser et faciliter l'accès aux informations relatives à la maternité et à la parentalité pour les avocats
Quels sont d'après vous les principaux défis auxquels le barreau de Paris est confronté actuellement ?
Clarisse Surin et Thomas Baudesson :
Le manque d'attractivité du métier est préoccupant, surtout pour les jeunes avocats qui peuvent avoir du mal à trouver leur place dans cette profession. Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour redonner aux jeunes avocats l'envie d'exercer leur métier avec passion.
De même, l’innovation est essentielle dans notre profession, surtout avec l’essor de l’intelligence artificielle. Nous avons remarqué une fracture numérique croissante entre les cabinets qui s’adaptent et ceux qui restent à la traîne. Il est crucial que nous formions nos avocats à ces nouveaux outils, et cela doit commencer dès l'EFB.
Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?
Clarisse Surin et Thomas Baudesson :
Ensemble, nous formons un duo complémentaire alliant expérience et renouveau. Notre programme met un accent particulier sur l'éthique, la transparence et l'humain.
Nous proposons des solutions concrètes comme l'utilisation de l'intelligence artificielle pour traiter les signalements éthiques ou encore la nomination d'un déontologue indépendant pour garantir une gouvernance saine au sein de notre Ordre.
Notre engagement à publier nos comptes témoigne également de notre volonté d'intégrité et de changement positif au sein du barreau parisien.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier