Les robots remplaceront-ils les avocats ?

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robot2Retour sur la 2ème édition des Etats généraux de la prospective et de l'innovation dont la plénière avait pour thème "Allons-nous être remplacés par des robots ?".

"Nous concevons que ce soit un rêve ou un cauchemar. Le futur c'est aujourd'hui. Notre profession n'échappe pas à ce mouvement", a déclaré Pascal Eydoux, Président du Conseil national des barreaux (CNB), en ouverture de la 2ème édition des Etats généraux de la prospective et de l'innovation qui se sont déroulés à Paris le 30 mars 2017.

La question de la place qu'occupe l'intelligence économique et les robots dans la profession d'avocat préoccupe le Président du CNB même s'il a la "conviction que les robots et l'intelligence économique ne peuvent pas être considérés comme des ennemis". Pour Pascal Eydoux, les avocats doivent se servir de la révolution numérique comme d'un levier pour développer leur activité économique. Les avocats doivent, selon lui, mettre l'accent sur trois nécessités :

- la formation : donner aux avocats la connaissance et les outils pour créer eux-mêmes leur start-up du droit ;
- le coût et les moyens d'accès à l'intelligence artificielle : il faudra réfléchir sur les moyens financiers pour pouvoir accéder à l'intelligence artificielle ;
- les modèles économiques et les méthodes de travail : repenser les modèles économiques à l'aune de la révolution technologique qui libère les avocats de certaines tâches.

Un robot est une machine physique 

A l'occasion de la plénière, les intervenants se sont demandés si les avocats allaient être remplacés par des robots. Pour Jean-Paul Laumond, roboticien et chercheur au CNRS, il ne faut pas confondre l'intelligence artificielle qui s'intéresse au traitement de l'information et le robot qui est une machine physique. Un algorithme ne prend pas de décision.

Les robots posent des questions éthiques. C'est au législateur d'intervenir pour se saisir de ces questions estime Nathalie Nevejans, auteure du Traité de droit et d’éthique de la robotique civile.

Bruno Deffains, professeur à l'Université Panthéon-Assas, voit une triple rupture technologique, économique et anthropologique dans ces changements. Il faut raisonner au niveau micro-économique et se demander quels seront les impacts sur l'entreprise juridique, quelles seront les stratégies adoptées par les acteurs.

En conclusion de la table-ronde, Kami Haeri, co-auteur du rapport sur l'avenir de la profession estime que les avocats abordent la question que du point de vue de l'activité judiciaire alors que ce sont les activités de conseil qui sont concernées. Il invite ses confrères à être offensifs : "Il faut arrêter de pousser des cris d’orfraie lorsque l’on parle de cabinet numérique, il faut être conquérant." 

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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