Avocat d’affaires et associé du cabinet August Debouzy, Kami Haeri dirige le pôle contentieux, arbitrage et pénal des affaires. Rencontre avec cet avocat, au cœur de l’actualité.

Pour cet avocat de 45 ans, le temps et l’espace sont un théâtre de liberté dont il s’empare et s’enivre au quotidien. Pas question de lui parler d’unité de lieu, d’action et de temps, son unité à lui n’a pas de frontière et le temps n’est qu’un élément à apprivoiser. La traduction de cette conception : une course de vitesse permanente nourrie d’histoire, de philosophie, de rencontres, d’émotions et de partages.
Né en France de parents iraniens, la dualité a toujours fait partie de son identité, une force qu’il préserve et entretient, ce qui lui vaut ce regard si ouvert sur le monde, sa profession et la nouvelle génération.
Kami Haeri est devenu avocat de façon presque naturelle sans parcours pré-établi ni stratégie préalable. Il suit un parcours de droit classique développant une appétence particulière pour le dialogue et la confrontation des idées et réalise un stage en 3ème année qui fut pour lui la confirmation de sa vocation.
Dès la fin de l’EFB, il part en Suisse, accompagner le développement d’un négociant, mais la lenteur de l’apprentissage ne lui plait guère. De retour en France, commence alors la course contre le temps, son choix de carrière est fait et il décide de s’investir totalement dans la profession. A l’EFB il avait découvert la conférence du stage - une révélation, et le mot est faible au regard de l’émotion qu’il transmet quand il l’évoque « c’est un espace où toutes les humanités sont présentes (...) c’est une partie de vous, une façon de se réconcilier avec son patrimoine culturel, son histoire, son parcours...C’est également un accélérateur de maturité, il y a une sorte de frénésie, chaque dossier est un défi. On apprend énormément mais, au-delà de l’apprentissage, c’est une confraternité au sein de la confraternité. » Après la Conférence, et les trois années passée auprès de Christian Charrière-Bournazel, « une expérience et un apprentissage hors du commun », il rejoint, presque de façon fortuite en 2000, le cabinet fondé par Gilles August et Olivier Debouzy composé alors d’une quarantaine de collaborateurs. Bien plus qu’une collaboration, il y trouvera une seconde famille. Comme il aime à le dire « quand vous rentrez ici, quelque chose se passe » et nous le croyons aisément puisqu’il n’en est jamais parti. Rapidement, il est promu associé et fonde le département contentieux, arbitrage et pénal des affaires de ce cabinet de 130 avocats.
Kami Haeri respire par le travail, démesurément, intensément, passionnément, par son implication et son rôle au sein de son barreau. Le garde des sceaux et ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas, lui a d’ailleurs confié l’étude et le rapport sur l’avenir de la profession d’avocat. L’occasion pour lui de faire part des menaces et des opportunités qui s’offrent à la profession. Il porte également un regard optimiste sur la nouvelle génération auprès de laquelle il s’investit fortement, séduit par l’envie et l’énergie dont elle fait preuve. Il souhaite aujourd’hui mettre l’apprentissage de son parcours sans canevas, au profit d’une relève qui n’en dispose pas toujours.
Cinéphile, il respire aussi par l’émotion du spectacle vivant sous toutes ses formes. Loin de n’être que spectateur, Kami Haeri prend part au jeu musical et suit des cours de guitare. Animé par la richesse des parcours multiples, il cultive et transmet cette énergie, cette ténacité et ce leadership à son entourage tant professionnel que personnel.

Marie-Laure Fraux