Élections au Conseil de l'Ordre de Paris : interview de Nejma Labidi et Antoine lafon

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Le Monde du Droit a interrogé Nejma Labidi et Antoine Lafon, candidats au Conseil de l'Ordre. Les 29 novembre et 1er décembre 2022, les avocats parisiens éliront 14 nouveaux membres du Conseil de l’Ordre pour un mandat de 2023 à 2025, par binômes paritaires (une femme, un homme).

Pourquoi vous présentez vous ?

Nous sommes les candidats de l’Union des Jeunes Avocats (UJA) de Paris qui fête cette année ses 100 ans d’existence marqués par un engagement indéfectible en faveur de l’égalité, de la protection des avocates et avocats dans leur exercice, mais aussi de la modernisation de la profession d’avocat.

Nous sommes tous les deux engagés au sein de l’UJA depuis plusieurs années et y avons travaillé sur de nombreux sujets, qu’il s’agisse de la collaboration libérale, notamment en assistant des collaborateurs dans le cadre de SOS Collab’, de l’égalité, des modalités d’exercice de notre profession, ou encore de la gestion de la carrière de l’avocat (installation/assocation) ou de sujets financiers en lien avec la CARPA. Ces travaux nous ont permis d’appréhender l’application des règles professionnelles et déontologiques, grâce à des groupes de travail collectifs et des débats nourris, ainsi que le fonctionnement des institutions de la profession, dont l’Ordre des avocats du barreau de Paris et ses nombreuses commissions.

Notre candidature vise à porter au Conseil de l’Ordre les valeurs et engagements de l’UJA et sa vision prospective de la profession. Il est essentiel que notre profession évolue au même rythme que la société. Être en phase avec notre société, c’est notamment être plus investis sur les questionnements environnementaux, pour lesquels nous avons, nous avocats, un vrai rôle à jouer, comme sur le numérique où notre profession doit continuer de progresser. C’est aussi œuvrer à la conquête de nouveaux marchés pour l’avocat de demain en développant nos activités.

Notre barreau est de plus en plus jeune, pour autant la composition actuelle du Conseil de l’Ordre comprend près de 16% de confrère ayant 12 ans et moins d’années de barreau. Ces chiffres doivent nous alerter collectivement pour que notre barreau puisse continuer à exprimer toute sa diversité. Nous espérons aussi y apporter notre fraicheur, des idées, et beaucoup d’énergie.

D’où vous est venue l’idée d’un tel binôme ?

À l’UJA, nous sommes attachés depuis toujours à un binôme paritaire.

Notre binôme s’est composé naturellement. La complicité que nous avons développée à l’UJA a certainement joué un rôle. Nous avons des points communs comme notre âge, 33 ans pour Nejma et 34 ans pour Antoine, nos années de barreau, bientôt 8 ans, notre parcours puisque nous nous sommes tous deux lancés dans l’installation et l’association après quelques années de collaboration, et la vision que nous avons de la profession. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à de nombreuses reprises au sein de la commission exercice du droit de l’UJA de Paris et au Conseil Consultatif de la CARPA de Paris. Nous avons aussi et bien sûr quelques différences mais cela nous enrichit et témoigne de notre complémentarité. Et point non négligeable, nous sommes aussi amis !

Quelles sont les idées que vous aimeriez défendre dans le cadre de votre élection ?

Elles ne manquent pas mais nous avons choisi de mettre en avant trois grandes idées.

La première consiste à rappeler le rôle de l’Ordre dans la protection des Consœurs et Confrères. À ce titre nous entendons poursuivre la lutte de l’UJA contre les comportements harcelants et discriminants et accompagner le mouvement de libération de la parole. Cela se fera en donnant aux membres du conseil de l’ordre siégeant au sein de la ComHaDis (Commission harcèlement et discrimination) les outils nécessaires au recueil de la parole, en leur permettant également de bénéficier de formations en adéquation avec les missions de cette commission et en renforçant la place du défenseur des droits au sein de notre profession.

C’est ce même souci de protection qui nous incite à jouer un rôle dans l’apaisement des relations entre magistrats et avocats et dans la défense de la profession vis-à-vis des pouvoirs publics. Nous avons à cœur d’œuvrer à sa représentation efficace afin d’être force de propositions et de pouvoir peser dans les réformes à venir qui nous concernent. Il nous faudra aussi nous impliquer dans les relations entre avocats et autorités administratives indépendantes et les enquêtes internes des grandes entreprises, qui se font trop souvent sans les avocats.

Le deuxième axe de notre candidature vise à contribuer à moderniser notre profession. Notre profession se doit d’évoluer au même rythme que la société. Il nous faudra travailler à l’amélioration de nos institutions pour qu’elles soient plus représentatives en termes de diversité et d’égalité professionnelle, et qu’elles consultent plus souvent les confrères sur les sujets qui les concernent, leur donnent plus la parole grâce aux outils numériques. Il faut œuvrer pour réduire les inégalités qui existent en matière de parentalité et intervenir auprès des pouvoirs publics pour permettre aux avocats de bénéficier d’aides en matière de garde d’enfants. Il nous faut favoriser un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Nous devons nous saisir des sujets environnementaux et nous adapter aux évolutions (rapides !) en matière numérique tout en nous servant des outils numériques pour faciliter la pratique des avocats (formulaire en ligne pour les demandes de fixation d’honoraires, accessibilité en amont de l’information sur les salles d’audiences, consultation plus importante des confrères par une généralisation de l’agora).

Enfin, la troisième et dernière idée que nous défendons est aussi évidente qu’essentielle. Comme tous les élus de l’UJA avant nous, nous entendons nous impliquer pleinement dans le fonctionnement de notre Ordre en nous rendant disponibles et à l’écoute de nos Consœurs et Confrères. Nous aimerions ainsi pouvoir œuvrer afin de mettre en place des permanences pour écouter les confrères confrontés à des difficultés, afin de pouvoir les conseiller. C’est le moyen le plus efficace de répondre aux critiques constantes sur la distance qui peut exister entre nos institutions et les Consœurs et Confrères.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)    


À PROPOS DES CANDIDATS

Nejma Labidi

Nejma Labidi a 33 ans et a prêté serment en 2015. Après deux années de collaboration libérale, elle a décidé de s’installer en 2017, et exerce depuis en individuel en contentieux civil et commercial et en droit pénal. Elle est entrée à l'UJA l’année de son installation, a été membre de SOS Collab' puis coprésidente des commissions Collaboration et Exercice du droit et gouvernance.


Antoine Lafon

Antoine Lafon a 34 ans et a prêté serment en 2014. Il a été collaborateur pendant six ans avant de monter sa structure. Il est aujourd’hui associé du cabinet 42 AVOCATS où il exerce en contentieux des affaires et droit pénal. Il est membre de la commission permanente de l’UJA et a été Président du Conseil consultatif de la CARPA de Paris.


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