Penser l'avenir des Directions Juridiques par les Legal Operations

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Le mercredi 8 septembre 2021 s'est tenue la 9e édition des Débats du Cercle, organisée par le Cercle Montesquieu avec Le Monde du Droit au Grand Hôtel Intercontinental Opéra à Paris. Un atelier a ouvert la discussion sur la performance des Directions Juridiques et le déploiement des « Legal Operations ». Les mots d'ordre : changement et efficacité.

« La fonction juridique doit délivrer un service à l'entreprise »

Christophe Roquilly, Professeur et Doyen honoraire du corps professoral à l'EDHEC et Directeur de l'EDHEC Augmented Law Institute, a commencé par un bref historique du développement progressif des postes de legal operations officer au sein des entreprises. Depuis quelques années, les directeurs juridiques et les clients internes ont, d'après lui, de nouvelles attentes, face à des coûts transactionnels qui augmentent et à la mondialisation. A la manière des Alternative Legal Service Provider (ALSP), la fonction de legal operations officer est apparue de l'autre côté de l'Atlantique, notamment au sein du CLOO, avec pour objectif de « pouvoir piloter des opérations de délivrance d'un service à un client aux meilleures conditions possibles, aux meilleurs coûts possibles », nous dit-il.

Au croisement du processus business, des planifications stratégiques, de la gestion financière, de la gestion de projet, des ressources et de la maîtrise des technologies et d'automatisation, le Professeur Christophe Roquilly a ainsi dévoilé en substance les missions attribuées au "legal ops".

« Il faut opérer des changements dans l'entreprise »

Hélène Guillot, Head of Legal Operations & Transformation, a pris le soin de partager son expérience et son point de vue sur la fonction du legal operations officer. Pleine d'enthousiasme, elle explique qu'une entreprise a toutes les raisons de vouloir mettre en place une telle fonction au sein même de sa direction juridique. Toutefois, elle prévient que ce changement de focal doit s'accompagner d'un acte volontaire et d'un soutien absolu du directeur juridique, tout au long du parcours du legal ops.

Selon elle, cinq piliers fondent la ligne de conduite du legal operations officer : il doit toujours avoir en vue la réalisation du but propre de sa direction juridique, il aiguille la politique contractuelle de l'entreprise, il travaille sur la donnée du management, la ressource budgétaire et enfin le digital.

« Au départ, chacun venait avec ses connaissances »

Mais qui peut prétendre au poste de legal operations officer ? Le conseil d'Audrey Déléris, Manager Fed Legal, suggère qu'« il faut savoir ce que c'est d'être juriste en entreprise avant d'être legal ops ». L'expérience fait, pour elle, partie des qualités recherchées par un directeur juridique lorsqu'il prévoit de recruter un tel profil. Audrey Déléris ajoute notamment à celle-ci l'organisation, le sens du détail, la force de proposition, l'appétence pour l'informatique et au mieux, un excellent relationnel.

Les fonctions du legal ops laissent par ailleurs la possibilité aux juristes qui ne peuvent pas être directeur juridique – poste qui, selon elle, n'est pas sujet au turn over. A la fois, on retrouve la mise en exergue des qualités du juriste sans pour autant qu'il ne manage la totalité du service.

Mais face à la technologie numérique, Christophe Roquilly prévoit la diversification des profils recherchés. La "data" débauchera sans doute « de plus en plus de scientifiques de la donnée ou d'ingénieurs ». Cette donnée, enjeu d'avenir d'un point de vue écologique, de performance et d'efficacité, selon Hélène Guillot, viendra mettre à l'épreuve le profil purement juridique. Sur ces mots, le Professeur Roquilly ne désespère pas et précise au contraire que « plus l'on va intégrer dans une équipe juridique des profils différents, plus l'on s'enrichit ».

Léa Verdure


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