Les cabinets d’avocats d’affaires n’ont plus le choix : ils doivent accomplir leur transformation numérique pour répondre à une demande devenue de plus en plus exigeante de la part des juristes d’entreprise.
Les cabinets d’avocats d’affaires ont pris le temps d’observer la transformation numérique opérée ces dernières années avec une utilisation accrue de l’intelligence artificielle et de la blockchain.
Désormais, fini le temps de la contemplation, l’heure est à l’action.
L’arrivée des legaltech, qui ont pénétré le marché du droit en France en 2014, a obligé les cabinets d’avocats d’affaires à intégrer le numérique dans leur stratégie. Par ailleurs, les clients des cabinets, qui ont eux-mêmes investi dans les nouvelles technologies, réclament à leurs avocats d’accomplir leur transformation numérique en associant davantage de transparence, de réactivité à moindre coût.
Programmes d’innovations
Comment font les cabinets pour répondre à cette demande ? Chez Baker & McKenzie, on a mis en place un programme d’innovation en 2017 qui a débuté par un partenariat avec 42, qui comprend notamment une initiation à la pédagogie novatrice de l’école, et s’est poursuivi avec un hackathon, le premier organisé par un cabinet d’avocats d’affaires international, en février 2018, en collaboration avec 42 et le studio d’innovation Schoolab.
Mais cela ne s’arrête pas là puisque le cabinet international a annoncé en juin 2018 le lancement de Lancelaw, un robot doté d’une intelligence artificielle pour accompagner sa transformation digitale. L’objectif ? Fournir chaque semaine aux avocats une sélection d’actualités pertinentes et personnalisées sur l’évolution de la profession d’avocat et l’innovation. Reposant sur des techniques de machine learning et des "circuits neuronaux", il a été éduqué par deux avocats du bureau parisien pour apprendre à prioriser ses sources. L’avocat d’affaires devient un éleveur de bots, qui l’eût cru ?
Investissements dans les nouvelles technologies
De son côté, Dentons a lancé dès 2015 sa plateforme Nextlaw Labs dans le but d’investir, développer et déployer des nouvelles technologies pour transformer la pratique du droit. Le cabinet d’avocats international a notamment incubé Ross, solution de recherche juridique qui utilise la technologie IBM Watson ou plus récemment Clause plateforme de « contrats intelligents ». Il s’agit pour la firme d’accélérer la transformation de l’entreprise. Dans une interview accordée à « Artificial Lawyer », Marie Bernard, CEO de Nextlaw labs, explique que les incubateurs permettent d’ouvrir l’esprit des avocats aux nouvelles technologies et que la finalité de Nextlaw Labs est aussi de favoriser la création de solutions qui n’existent pas encore sur le marché.
Allen & Overy a également choisi cette voie avec son incubateur Fuse créé en 2017. Fuse compte la première émission d’une obligation libellée en crypto-monnaie et entièrement automatisée sur une infrastructure publique de blockchain, grâce au travail de l’entreprise Nivaura, dans laquelle Allen & Overy a investi. On peut citer également l’incubation de Kira Systems qui propose une technologie d’apprentissage automatisée pour l’examen et l’analyse de documents.
Avec Fuse, le cabinet d'avocats d'affaires international veut identifier les outils et services innovants. « Fuse nous permet d’identifier des outils et services innovants pour mieux servir nos clients, mais aussi de leur proposer un espace collaboratif où ils peuvent soumettre leurs propres problématiques technologiques à ces jeunes entreprises », déclare Hervé Ekué, Managing Partner du bureau de Paris.
Concours de Legaltech
Une autre manière de favoriser la transformation du cabinet est de lancer un concours. Ainsi, Herbert Smith Freehills a organisé en février dernier son premier concours, LegalTech France, À son issue, le progiciel Softlaw a été choisi pour démarrer une phase de test de trois mois au sein du bureau parisien. Son but ? Faciliter la revue, l’analyse et l’exploitation des données contenues dans les documents et contrats juridiques. « Ce concours a été mis en place dans le cadre de la stratégie globale d’innovation du cabinet, Beyond 2020, et de l’Innovation Hub qui coordonne toutes les initiatives de changement digital dans la firme », explique Eric Fiszelson, associé en charge de l’innovation chez Herbert Smith Freehills. « Les critères essentiels pour nous étaient la facilité d’installation et d’utilisation de l’outil, et qu’il permette une amélioration immédiate de la manière de travailler de nos avocats. C’est le cas de Softlaw, qui permet de faire gagner un temps considérable à nos collaborateurs en facilitant la gestion et la réalisation des audits juridiques. »
Des avocats d’affaires à VivaTech
Enfin, signe des temps, pour la première fois un cabinet d’avocats d’affaires, August Debouzy, était présent en mai 2018 au rendez-vous de l’innovation, VivaTech. Pour les avocats d'August Debouzy, la présence à VivaTech était naturelle. En effet, l'innovation fait partie intégrante de la culture du cabinet qui accompagne des start-up ainsi que des entreprises innovantes. « August Debouzy se définit depuis plus de 20 ans comme un cabinet audacieux, un cabinet d'innovations, de sorte que notre présence au salon de l'innovation et des nouvelles technologies nous semblait évidente à la fois parce que nous avons nos clients qui sont dans l'innovation, mais également des start-up que nous accompagnons chaque année et en lesquelles nous croyons énormément. Et aussi parce que les nouvelles technologies sont aujourd'hui intégrées dans le fonctionnement du cabinet. Nous sommes particulièrement attachés à être toujours à un degré d'avance et avancer en même temps que ces nouvelles technologies. », indique Alexandra Cohen-Jonathan, Associée, August Debouzy.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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