Juriste à l’étranger : quand le rêve devient réalité. Entretien avec Stéphane Barthe, responsable juridique international d’Urbaser

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Stéphane Barthe, responsable juridique international, UrbaserL’étranger. Avant la mondialisation, avant Internet, ce mot faisait peur. Aujourd’hui, il fait briller les yeux des juristes, en particulier ceux des jeunes. Partir exercer son métier à l’étranger est en effet le rêve partagé par toute une génération. Et pourtant, malgré les échanges quotidiens d’informations, via la télévision, les forums numériques, les retours d’expérience d’expatriés (articles, blogs, etc.), les juristes sont mal informés sur les conditions de réalisation d’un départ à l’étranger. Pour casser les nombreux clichés qui entourent ces aspirations, Stéphane Barthe, responsable juridique international, Urbaser, en Espagne, nous fait partager son expérience.

De nombreux juristes rêvent d’une expérience à l’étranger, pour découvrir une nouvelle culture et donner une plus-value à leur CV. Comment réaliser cette ambition ?

Beaucoup s’imaginent que leur formation à l’étranger sera le sésame qui leur ouvrira la porte des entreprises locales. Même si obtenir une formation juridique à l’étranger est certainement une bonne idée dans la mesure où elle apporte un label local et une sensibilisation aux règles et à la terminologie juridique locale, ce n’est ni un aboutissement ni la certitude d’un emploi à la sortie.
Personne n’attend les juristes français à l’étranger, même diplômés d’une université locale. L’étudiant doit, comme tout juriste, effectuer un travail de réseau et un travail de terrain, afin de sortir du vase clos de l’université, et surtout ne pas seulement s’appuyer sur l’université et ses ressources pour trouver un emploi. Il lui est conseillé de se renseigner sur les associations locales de professionnels du droit, mais aussi les chambres de commerce et autres organisations sectorielles réunissant les entreprises du secteur qui les attire. Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle fondamental dans la construction d’un contexte favorable à l’embauche.

Comment parvenir à se vendre auprès des entreprises étrangères ?

Il faut se convaincre que nous avons les compétences, des connaissances universitaires solides, et que nous sommes les mieux outillés pour répondre aux besoins d’un rôle aux contours internationaux, précisément du fait de notre parcours international (du point de vue de l’étranger), de nos langues, et de notre adaptabilité. Le candidat doit s’armer de deux choses : ses compétences, et son attitude ; le "packaging" doit être soigné.
Ainsi, être souriant, confiant tout en restant modeste, peuvent faire la différence en entretien. Soigner la présentation de la candidature est aussi une obligation.
Quand on part du postulat que 70 % de l’expérience est acquise sur le terrain, le CV et le networking n’ont qu’un but : donner envie au recruteur de vous rencontrer.

Quelle stratégie d’approche faut-il adopter ?

La stratégie d’approche d’un marché étranger doit s’inspirer des pratiques locales, c’est-à-dire qu’elle doit être similaire à celle employée par les juristes locaux. Par exemple, le juriste français doit traduire en termes locaux son statut français. En Espagne, les juristes sont tous avocats ("abogado" en espagnol).
Le juriste français doit donc utiliser cette terminologie quand bien même il n’a pas le titre d’avocat en France, parce que la traduction littérale de "juriste" en espagnol ("jurista") renvoie à la communauté des professionnels du droit en général (notaires, avocats, juges, etc.) et n’est donc pas pertinente pour décrire le travail d’un juriste d’entreprise.

Quels sont les atouts d’un jeune juriste français ?

Parmi les avantages dont il dispose, le juriste français a la chance d’évoluer dans un contexte juridique de source européenne. Le droit de l’Union européenne irrigue 27 Etats, influence donc 27 droits nationaux. Quelle aubaine pour un recruteur d’avoir un juriste qui connaît les fondamentaux du droit civil ! Il existe un vrai marché de l’UE, malgré la crise.

Propos recueillis par le Comité des Jeunes Juristes de l'AFJE


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