Interprofessionnalité : vers une collaboration entre avocats et experts-comptables ?

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CongresIFEC2016-InterproA l’occasion de son Congrès national les 7 et 8 juillet 2016 à Biarritz, l’IFEC avait organisé une table-ronde sur l’interprofessionnalité. Pour Denis Raynal, Avocat et Président de l’ACE, tout comme pour Denis Barbarossa, 1er Vice-Président de l’IFEC, l’avenir est à la collaboration entre avocats et experts-comptables.

La guerre entre avocats et experts-comptables est-elle terminée ? Oui, si l’on en croit les protagonistes de la table-ronde sur l’interprofessionnalité qui s'est tenue dans le cadre du Congrès national de l'IFEC : Denis Raynal, Président de l’ACE (Avocats Conseil d'Entreprise), représentant la profession d’avocat et Denis Barbarossa, 1er Vice-Président de l’IFEC représentant la profession comptable dans ce débat.

Denis Raynal a rappelé l’historique des relations entre les avocats et les experts-comptables. Selon lui, ce sont les experts-comptables qui sont venus empiéter sur le domaine des avocats et bien avant des conseillers juridiques en proposant "des prestations complémentaires à la prestation d’expertise-comptable avec le fait que l’expert-comptable est effectivement très présent dans l’entreprise comme l’était le conseiller juridique à l’époque".
Ensuite, "il y a eu la fusion des professions de conseiller juridique et d’avocat. Aux termes de cette fusion, il y a eu une sorte de dissolution de l’approche de conseiller juridique et intelligemment la profession d’expert-comptable a essayé de s’en saisir. Il y a eu des excès qui ont été fait par les experts-comptables en essayant d’attirer à lui un certains nombre de missions et parfois même sans les valoriser. En faisant cela, il a éloigné l’avocat de l’entreprise. Il a éloigné la possibilité que l’avocat puisse travailler avec l’expert-comptable et élaborer entre l’expert-comptable et l’avocat une véritable mission commune, une synergie commune qui, à mon avis ferait que l’on ne serait pas tout à fait dans la situation qu’on connait aujourd’hui. Aujourd’hui, l’avenir est à des prestations de valeur ajoutée élevées. Le fait d’avoir privés les avocats, anciens conseillers juridiques, d’un certain nombre de missions à faible valeur ajoutée, a fait que les avocats ont eu le réflexe de faire monter leur valeur ajoutée", a expliqué Denis Raynal. Cependant, le Président de l’ACE, envisage l’avenir avec les experts-comptables : "L’avenir appartient à nos professions parce qu’elles travailleront ensemble. Je pense plutôt qu’on est en paix".

Denis BarbarossaPour Denis Barabarossa, depuis plus de 20 ans, l’IFEC noue des rapports étroits avec les avocats. "On sent bien que sur le terrain, l’interprofessionnalité fonctionne très bien. On a besoin les uns des autres. On a besoin de se nourrir des compétences des uns et des autres" a-t-il affirmé.
L’IFEC entend défendre une approche pragmatique de l’interprofessionnalité : "Quand on compare ce qui s’est fait ces dernières années et notamment cette année, l’IFEC a fait son maximum pour aplanir les relations entre les avocats et les experts-comptables. On sent bien que le client a besoin d’interprofessionnalité et de services assez complets en tout cas cohérents entre les différents acteurs du conseil".

Comment collaborer ensemble ?

Denis Barbarossa a évoqué les nouvelles possibilités de collaboration offertes par la Société Pluri-professionnelle d’Exercice (SPE) : "cette SPE est l’aboutissement d’une demande de l’IFEC qui permettait de passer par une société interprofessionnelle de capital à une société interprofessionnelle d’exercice. Concrètement, cela permettait d’organiser sur le terrain des missions entre professionnels réglementés et d’avoir une valeur ajoutée pour le client et de permettre d’organiser des missions communes". Cependant, il a regretté que cette SPE ne soit pas ouverte aux commissaires aux comptes, "ce qui ferme de facto la porte à une grosse partie de notre activité de nos cabinets".
Par ailleurs, cela "suppose des structurations complexes d’activités de nos cabinets, de mettre de côté l’expertise comptable pour pouvoir mettre au sein d’une SPE l’objet avec les avocats et d’autres professions réglementés. Et d’organiser l’activité de commissariat aux comptes parallèlement, ce qui fait des structures un peu complexes. Ce n’est pas l’ambition de la profession".
Pour le Président de l’IFEC Paris, le vrai sujet est de savoir comment partager l’information. "Comment envisager de partager cette information si nous n’avons pas un système d’informations ouvert en tout cas interconnecté qui permette de travailler intelligemment ensemble et de partager de l’information choisie en fonction des interlocuteurs, en fonction des données à se partager ? On sent bien que la tutelle nous engage à partager des informations dans un sens plus pertinent pour nos clients. On s’interroge sur les modalités pratiques quand la SPE est fermée à une partie de notre profession. Il est indispensable de mettre en commun ces moyens" a-t-il lancé.

Denis RaynalDe son côté, Denis Raynal souhaite qu’avocats et experts-comptables travaillent ensemble en amont sur la rédaction des textes pour peser davantage sur les débats et éviter les incohérences des textes : "L’articulation des textes qui existent déjà aujourd’hui fait qu’il y a une complexité délirante. Cette complexité est la résultante des pressions qui ont été menées à droite et à gauche sans parti pris. Si on arrivait à avoir une approche commune dans ce genre de choses car nous avons des intérêts communs, je pense qu’on aurait des textes beaucoup plus cohérents. La suite des événements, ce n’est pas de maintenir le commissariat aux comptes en dehors de tout çà mais de mettre les pouvoirs publics en face d’un certain nombre de réalités en particulier sur le fait que tous ces textes sont inapplicables. Si on agit pas en commun, on arrivera à rien", a-t-il conclu.

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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