Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont multiplié les initiatives de simplification administrative. Malgré ces efforts, les entreprises françaises continuent de faire face à un labyrinthe bureaucratique.
Lors du salon Go Entrepreneurs, Bruno Le Maire a promis de réduire le code de commerce de 7000 à 1000 articles. Cette initiative, inscrite dans le plan « simplification ! », vise à alléger le quotidien des entreprises françaises. Mais cette ambition soulève des interrogations quant à sa réelle efficacité.
La surcharge administrative coûte 84 milliards d'euros à la France, 3 % du PIB. Cependant, simplifier les normes ne risque-t-il pas de mener à une dérégulation tous azimuts ? La promesse de réduire le code de commerce est impressionnante, mais est-elle réaliste ? La disparition des formulaires Cerfa semble plus symbolique que structurelle, et ne garantit pas une simplification réelle des démarches administratives.
La simplification du bulletin de salaire, avec un objectif de réduction à une seule page et quinze lignes, paraît également être une mesure séduisante mais potentiellement problématique. En éliminant le détail des prélèvements sociaux, le gouvernement risque de réduire la transparence nécessaire pour les salariés. Ceux-ci doivent comprendre clairement les différentes composantes de leur rémunération. Si les informations détaillées ne sont plus directement accessibles, cela pourrait entraîner des malentendus et une méfiance accrue envers les employeurs. La simplification ne doit pas se faire au détriment de la clarté et de la compréhension.
Un des piliers de ce plan est le « test PME ». Conçu pour éviter l’introduction de nouvelles règles inutiles et complexes, ce test soumet chaque nouvelle norme à l’approbation des petites et moyennes entreprises. Toutefois, la question demeure : combien de ces tests seront réellement appliqués rigoureusement ? L’histoire récente montre que les bonnes intentions en matière de simplification se heurtent à la réalité du terrain
Il est crucial de maintenir un équilibre entre simplification et régulation. Trop souvent, des initiatives similaires ont été lancées avec beaucoup d'enthousiasme, pour finalement échouer en raison d’une mauvaise mise en œuvre ou d’une opposition bureaucratique. Les entreprises, en particulier les PME, ont besoin de clarté et de stabilité pour prospérer.
En définitive, la véritable simplification ne se mesure pas au nombre d’articles de loi supprimés, mais à la capacité des entreprises à fonctionner efficacement sans entraves inutiles.
Les entrepreneurs, las des promesses non tenues, attendent des actes concrets. Seul le temps dira si ce plan sera une révolution bénéfique ou une énième illusion.
Arnaud Dumourier