Emmanuel Ruchat : « Notre objectif est d'informer les victimes du wokisme et de MeToo sur les outils juridiques disponibles »

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Emmanuel Ruchat, fondateur du cabinet d'avocats Lexial, nous dévoile les motivations et les objectifs derrière le lancement d'une permanence offrant un premier conseil juridique gratuit aux victimes du wokisme et de MeToo.

Pouvez-vous nous expliquer la raison derrière le lancement de la permanence par Lexial pour les victimes du wokisme et de MeToo ?

Le lancement de cette permanence découle de l'observation croissante des conséquences néfastes du wokisme chez certains de nos clients. Ces dérives incluent des situations contraires au droit français, telles que le refus d'inscription à un atelier en raison du genre, la légitimation de réunions non-mixtes, l'obligation d'utiliser l'écriture inclusive sous peine d'exclusion, et même des déboulonnages de statues. Face à ces problématiques, nous avons constaté que les victimes se sentent souvent démunies et impuissantes, surtout lorsqu'elles sont confrontées à des attaques sur les réseaux sociaux.

Ma motivation personnelle réside dans le sentiment d'indignation face à des situations considérées comme normales, mais qui entraînent des dégâts collatéraux importants. Nous cherchons à apporter une réponse pénale aux victimes du wokisme, même si cela reste actuellement une partie relativement restreinte de notre activité.

En quoi consiste cette permanence et quels sont les objectifs visés par Lexial ?

Lexial propose une permanence offrant un premier conseil juridique gratuit aux victimes du wokisme dans son sens le plus large. Notre objectif est d'informer ces victimes sur les outils juridiques disponibles, souvent méconnus. Nous souhaitons faire comprendre qu'elles ont des droits et les aider à réagir face à ces dérives. Cette initiative est inédite en France, Lexial étant – à ma connaissance - la première société d'avocats à franchir le pas.

Pouvez-vous expliquer en détail comment fonctionne cette permanence et quels conseils juridiques, vous offrez aux victimes du wokisme ?

Les personnes qui s’estiment victimes nous envoient un mail sur une adresse dédiée pour expliquer leur situation et nous les contactons dans les 24 heures.Nous offrons un premier conseil juridique gratuit aux victimes du wokisme, en mettant l'accent sur des outils tels que la dénonciation calomnieuse prévue par l'article 226-10 du code pénal ou les dispositions pénales de la loi sur la liberté de la presse en matière de MeToo, la circulaire ministérielle du 21 novembre 2017,la loi Toubon de 1994 et surtout les dispositions pénales contre le harcèlement pour l'écriture inclusive, ainsi que des actions en discrimination pour les réunions non-mixtes. Notre but est d'expliquer les premières démarches à entreprendre et de montrer qu'il existe des moyens légaux de réaction.

Pourquoi Lexial a-t-il décidé de s'engager dans ce domaine, alors que son activité jusqu'à présent ne l'avait pas conduit dans cette direction ?

Initialement, cela a été motivé par un nombre croissant de clients faisant face à des dénonciations, soulevant des questions juridiques auxquelles nous n'avions pas encore de réponse claire. En discutant de ces problématiques avec différents intervenants, nous avons décidé d'élargir notre aide pour répondre aux besoins des victimes du wokisme. Bien que notre activité soit principalement axée sur le droit pénal international, cette initiative représente une réponse à des préoccupations croissantes et non résolues sur le plan juridique.

Comment évaluez-vous l'impact actuel de cette permanence et quelles sont vos perspectives pour le cabinet à l'avenir dans ce domaine ?

Actuellement, l'impact est relativement résiduel, mais la discussion évolue lentement. Nous avons pu suggérer des pistes de dispositions pénales pour des problématiques telles que le harcèlement lié à l'écriture inclusive et la discrimination dans les réunions non-mixtes. Nous avons également envisagé des projets d'association loi 1901 pour représenter les victimes du wokisme en justice, et bien sûr à long terme nous tenterons d’apporter notre pierre à l’édifice par la publication d’articles ou l’organisation de séminaires. Bien que cela reste symbolique pour l'instant, nous espérons que la situation évoluera dans les mois à venir.. Notre cabinet continuera cependant à se concentrer sur ses axes principaux, à savoir le droit pénal international et le conseil aux investisseurs étrangers.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)


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