Exercice illégal de la profession d'avocat : condamnation de Karim Achoui

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Le tribunal correctionnel de Paris a condamné l’avocat Karim Achoui pour avoir exercé illégalement sa profession en plaidant à six reprises devant des tribunaux français alors qu'il a été radié du barreau de Paris.

L’avocat Karim Achoui, connu pour avoir défendu des figures du grand banditisme, a été définitivement radié du barreau de Paris en 2012 pour "manquements déontologiques".

On lui reproche d’avoir plaidé à six reprises devant des tribunaux français et donc d'avoir continué à exercer illégalement sa profession en 2015 et 2016.

Cet avocat arguait qu’il s’était inscrit en février 2015 au barreau d’Alger, près de trois ans après sa radiation définitive du barreau de Paris, ce qui lui octroie le bénéfice de la convention franco-algérienne de 1962 qui permet aux avocats "inscrits à un barreau d’Algérie" d’exercer en France "dans les mêmes conditions que les avocats inscrits à un barreau français".

Dans un jugement du 5 février 2024, le tribunal correctionnel de Paris a condamné l'avocat à 18.000 € de jours-amende pour avoir continué à exercer illégalement sa profession en 2015 et 2016. Il devra verser 5.000 € pour préjudice moral au conseil de l'Ordre des avocats, partie civile.
Pour le tribunal, la convention franco-algérienne de 1962 vise à "permettre une activité ponctuelle en France aux avocats algériens" et non à "organiser la poursuite de ses activités en France [à] un ancien avocat français radié définitivement en France".
Le tribunal a ajouté qu'"un avocat algérien radié en France ne saurait avoir plus de droit qu’un avocat français interdit d’exercer".
Le tribunal précise que M. Achoui, en "professionnel averti du droit", ne "pouvait ignorer qu’il contournait délibérément" sa radiation.

Par ailleurs, le tribunal correctionnel a reconnu l'avocat coupable d’abus de confiance envers une de ses clientes qui lui avait versé un somme de 10.000 € destinée à payer la caution pour faire libérer le frère de la celle-ci, détenu en Thaïlande. La cliente s’estimait spoliée car l’argent de la caution, qui n’avait finalement pas été payée, ne lui avait été rendu que partiellement, l'avocat faisant valoir que la somme qu’il avait conservée correspondait à ses honoraires.

M. Achoui a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette condamnation.

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