Favoriser les conditions économiques de la parentalité : optimiser et innover

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francoise-hecquetFrançoise Hecquet, avocate, cofondatrice du cabinet PHPG, médiateur, responsable du réseau FEMMES UIA et candidate aux élections du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris revient sur la problématique des congés parentaux au sein de la profession d'avocat.

A l’heure où Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, annonce s'accorder deux mois de congé parental à la naissance de sa fille et faire bénéficier tous les jeunes parents salariés de Facebook de quatre mois d'absence rémunérés à partir de 2016, qu’en est-il dans notre profession d’avocats ? Si l’Ordre des avocats du Barreau de Paris a déjà beaucoup œuvré en faveur de la durée des congés liés à la parentalité, pour aider tant l’avocat qui devient parent que le cabinet dans lequel il exerce, des progrès restent à faire.

Optimiser les mesures déjà prises

L’Ordre des avocats du barreau de Paris a déjà beaucoup œuvré en faveur de la durée des congés liés à la parentalité - avec le congé maternité fixé à 16 semaines et la création d’un congé paternité d’1 mois ainsi que d’un congé adoption de 10 semaines - pour aider tant l’avocat qui devient parent que le cabinet dans lequel il exerce.

Le congé maternité/paternité, période que l’on voudrait heureuse, peut, en effet, être mal vécu, tant par le futur parent que par le cabinet dans lequel il collabore, car elle se traduit par :

- une absence de chiffre d’affaires pendant cette période

- des difficultés liées au suivi des dossiers et des audiences

- un coût restant à charge du cabinet de l’ordre de 50% du montant de la rétrocession versée.

Cette situation ne peut qu’être source de difficultés dans le parcours professionnel des femmes et entraîner ponctuellement ou durablement des inégalités. Il est inutile de rappeler les statistiques qui attestent encore de l’existence de profonds écarts entre les situations professionnelles des hommes et des femmes et leurs rémunérations.

Par ailleurs, il est regrettable que certaines de nos consœurs se retrouvent isolées à la suite à de ruptures de collaboration au moment de la maternité. Si nous devons être attentifs à la sanction des abus, nous pouvons également agir en termes de prévention.

Au-delà des mesures déjà prises, notre Ordre doit afficher une volonté forte et prendre des mesures complémentaires en faveur de la parentalité en mobilisant nos ressources et aussi notre capacité d’innovation.

Aide financière et services adaptés

Renforcer l’équité des conditions de parentalité implique ainsi la mise en place de certaines mesures concrètes : 

- maintenir l’allocation « chance maternité » qui a été mise en place, mais également en augmenter le montant

- au-delà du renforcement des dispositifs financiers existants, aider les consœurs exerçant seules en qualité d’indépendante, n’ayant pas la possibilité de vivre pleinement cette période en raison des contraintes matérielles qui s’imposent à elles, en leur permettant d’accéder à des services adaptés, rendus possibles s’ils sont mutualisés.

Les mesures d’ordre économique doivent ainsi être assorties de services ordinaux permettant d’améliorer l’organisation de la vie des familles. Il est, en ce sens, indispensable que notre Ordre poursuive les efforts déjà entrepris pour rechercher des systèmes de crèches offrant des horaires adaptés à nos besoins, contribue au financement dans les crèches privées de berceaux réservés aux consœurs et confrères du Barreau de Paris et étudie la mise en place de services de raccompagnement des enfants scolarisés.

Formation et réseaux

L’Ordre peut également proposer des formations, telles que le « coaching de carrière », à la jeune avocate avant son départ en congés maternité pour l’aider à réfléchir et à préparer au mieux ce changement de vie important : qu’est-ce que la maternité va changer pour elle dans la vision de son ambition professionnelle et dans son organisation familiale ?

Comment optimiser son agenda ? Une formation en petits groupes permet de créer du lien et éventuellement de s’organiser à plusieurs pour la garde d’enfants ou les sorties d’école.

Enfin, la création, sur le site de l’Ordre, de réseaux permettant aux consœurs et confrères de s’entraider permettrait aussi de créer des liens entre nous et de mettre en place un esprit et une démarche de solidarité. Si notre Ordre propose ainsi, sur son site, des services pratiques rapidement accessibles, nous permettant de poster des annonces de type «Je cherche » et «Je propose », avec la mise en place d’un réseau en ligne sur la base de la proximité géographique, il créera un « réflexe ordinal », qui fait malheureusement défaut à ce jour. De façon plus large encore, un outil de « Remplacement intelligent » pourrait, par exemple, être proposé sur le site, pour celui ou celle d’entre nous qui souhaite obtenir une aide ponctuelle, la création d’éventuelles synergies, l’utilisation de bureaux restés vacants….

Mobilisons dans ces directions nos jeunes confrères - pour lesquels ce serait une première expérience professionnelle, ceux qui s’installent et qui ont besoin de chiffre d’affaires complémentaire - ainsi que nos confrères honoraires, qui peuvent apporter toute leur expérience sur cette période.

Si je suis élue aux prochaines élections du Conseil de l’Ordre, j’aurai à cœur d’agir en ce sens.

Françoise Hecquet, avocate, cofondatrice du cabinet PHPG, médiateur, responsable du réseau FEMMES UIA et candidate aux élections du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris