Étude Mixité au Sommet 2022 - SBF120 : 212 femmes manquent encore à l’appel dans les Comex

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Heidrick & Struggles, cabinet de conseil international en recherche de dirigeants et en leadership, révèle les résultats de la nouvelle édition de son étude Mixité au Sommet sur l’état d’avancement de la mixité dans les instances dirigeantes du SBF120.

Deux ans après la première édition et quelques mois après l’adoption de la loi Rixain sur l’égalité professionnelle au Parlement, cette enquête dresse plusieurs constats : 

  • 24% des 1 347 membres des comités exécutifs des sociétés du SBF120 sont des femmes, soit 5% de plus qu’il y a deux ans. De même, 14 entreprises de l’indice sont maintenant dirigées par des femmes, alors qu’elles étaient seulement 10 en 2020. 
  • En 2022, 31% des entreprises du SBF120 comptent au moins 30% de femmes dans leur comex et 9% en comptent au moins 40%, cette proportion atteignant respectivement 18% et 6% en 2020
  • Près de 2/3 des femmes membres des comex occupent des postes fonctionnels (68%), notamment sur les fonctions marketing, juridiques et RH, alors que les hommes occupent 86% des fonctions opérationnelles (contre 14% pour les femmes). 
  • Les femmes dirigeantes sont majoritairement issues de la promotion interne (64%), mais elles sont aussi plus régulièrement recrutées à l’extérieur des entreprises (36%) que les hommes (29%). 

Un inégal engagement des acteurs de l’indice vis-à-vis de la mixité 

Malgré la pression croissante des pouvoirs publics, de l’opinion et des investisseurs, l’étude d’Heidrick montre tout d’abord d’importantes disparités entre les entreprises du SBF120 dans l’intégration de femmes au sein des comités exécutifs. 36 entreprises sur 118 (soit 31%) comptent aujourd’hui au moins 30% de femmes dans leur comex et sont donc déjà en phase avec les quotas préconisés par la loi Rixain pour 2027. De même, 11 entreprises  sur 118 (soit 9%) comptent au moins 40% de femmes dans leur comex, les mettant d’ores et déjà en conformité avec les objectifs de la loi pour 2030. À contrario, presque 70% des entreprises du SBF120 (soit 82 sociétés) sont en retard sur l’objectif de 30% de femmes dans leur comex et 91% sont en retard sur l’objectif de 40%, témoignant d’une inégale prise en compte de cette question par les comités de nomination. 

Dans ce contexte, 24% des 1 347 membres des comités exécutifs des sociétés du SBF120 sont des femmes, comparativement à 19% il y a deux ans. De même, 14 entreprises de l’indice sont maintenant dirigées par des femmes, alors qu’elles étaient seulement 10 il y a deux ans.Ainsi, la proportion de femmes augmente dans tous les secteurs, mais pas à la même vitesse : les secteurs des sciences de la vie (+10%) et des services financiers (+8%) sont moteurs, tandis que les secteurs de l’industrie et des services accusent un retard plus significatif (+3%). En particulier, les entreprises du CAC40 progressent moins rapidement, avec une moyenne de 22% de femmes au comex (+3% par rapport à 2020). En filigrane, se dessine donc une dynamique de féminisation qui se consolide progressivement, permettant à un profil de femme dirigeante de référence d’émerger au sommet des grandes entreprises françaises. 

Des profils de femmes dirigeantes mieux identifiés   

L’étude d’Heidrick montre, en effet, que la multiplication des femmes au sein des comex du SBF120 permet de dégager plusieurs traits caractéristiques (et distinctifs) des femmes dirigeantes de l’indice, par comparaison à leurs pairs masculins. Celles-ci – d’origines étrangères à 25% – sont en moyenne plus jeunes que les hommes (51 ans contre 55 ans en moyenne). De même, elles occupent des postes fonctionnels à 68%, contre 64% il y a deux ans, témoignant d’une répartition de plus en plus genrée des fonctions puisque les hommes occupent, quant à eux, 86% des postes opérationnels (contre 14% pour les femmes, +2% depuis 2020). 

Les fonctions marketing-communication (54%), juridiques (51%) et RH (50%) sont celles où les femmes sont le plus présentes, de manière quasi-paritaire avec les hommes. La part de femmes sur les fonctions ventes et achats est restée stable au cours des deux dernières années (26%), mais de moins en moins de dirigeantes occupent des postes en lien avec la finance (17%, soit -3% depuis 2020) et le digital (21%, -6%), témoignant encore d’une rigidité dans la répartition des rôles aux sein des instances de direction. 

Par ailleurs, l’étude montre que les femmes dirigeantes sont d’avantage recrutées à l’extérieur de l’entreprise (36%) que les hommes (29%), ce qui démontre, d’une part, la volonté d’accélérer la féminisation au sein des instances dirigeantes et, d’autre part, la difficulté qui persiste à mettre en place un escalier interne permettant d’accompagner les talents féminins vers le sommet. C’est en particulier sur les postes fonctionnels que se font les recrutements externes (40%), tandis que les postes opérationnels sont majoritairement pourvus via des promotions, sans effet de genre particulier. 

« Une part de plus en plus significative des entreprises du SBF120 semble avoir pris la mesure de l’enjeu que représente la mixité, à la fois pour assurer leur attractivité, mais également pour accélérer leur performance globale. À cet égard, nous pouvons espérer que la loi Rixain – qui marque un changement majeur dans la gestion et la rétention des talents de l’entreprise – permettra une accélération de cettdynamique, en imposant des objectifs chiffrés ambitieux mais atteignables par les acteurs » commente Sylvain Dhenin, managing partner de la practice CEO & Boards d’Heidrick & Struggles pour l’Europe et l’Afrique.

 « La féminisation des équipes dirigeantes est une formidable opportunité pour les entreprises. Aussi, il y a fort à parier que se dégageront des gagnants et des perdants d’ici quelques années, compte tenu de la compétition accrue pour attirer et fidéliser les talents féminins. Ce constat invite les acteurs à se positionner dès aujourd’hui sur cette question de manière ferme et engagée, sous peine de rater une marche essentielle à leur transformation et à leur croissance » conclut Jennifer Flock, partner et responsable de la practice Diversité & Inclusion du cabinet.