Une américaine à Paris

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Doris Lynn Speer, Directeur juridique ALSTOM et administratrice AFJEDoris Lynn Speer, décrit son expérience en tant qu'américaine devenue directrice juridique à Paris.

En général, une société choisit le juriste qui est le plus qualifié pour le poste envisagé. Quand il s’agit d’une mutation, il y a des critères supplémentaires : esprit d’ouverture, capacité d’adaptation et aptitude à gérer les imprévus, expériences antérieures et culture internationale.

Je suis venue à Paris voici près de 8 ans pour occuper le poste de Directeur Juridique Adjoint, Fusions et Acquisitions (‘’M&A’’) d’Alstom, que j’occupe toujours. J’étais déjà chez Alstom basée à New York dans le Secteur Transport quand on m’a proposé ce poste.

La direction d’Alstom cherchait un avocat avec une forte expérience en M&A et formé dans un grand cabinet international. On ne peut pas apprendre suffisamment ces tâches sans avoir passé un bon nombre d’années dans cette spécificité. En fait, le M&A ne s’apprend que sur le terrain.

Pour un poste basé à Paris, il fallait parler parfaitement anglais, tout en maitrisant le français. Alstom possède des activités partout dans le monde et la langue commune doit être l’anglais. Le fait d’être de langue maternelle anglophone quand on négocie et rédige en anglais constitue donc un atout.

Je ne suis pas venue à Paris comme ‘’expatriée’’ mais comme ‘’locale’’, parce que c’était un poste au siège social qui s’inscrivait dans la durée. Il ne s’agissait pas d’une durée limitée.
Une chose surprenante est le fait qu’un juriste en France ne bénéficie pas du "privilège" (le secret professionnel). A New York, étant avocate au barreau de New York, j’étais à la fois salariée d’Alstom Transport et je bénéficiais également du ‘’privilège’’. Quand un avocat américain travaille pour une société aux Etats Unis, il conserve le ‘’privilège’’ comme les avocats dans les cabinets (le statut de juriste n‘existe pas : nous sommes tous avocats). Imaginez ma surprise chez Alstom à Paris : quand un sujet sensible doit être discuté, il arrive que des avocats externes décident que ces discussions se tiennent seulement ‘’entre avocats’’ et j’en suis exclue !

L’activité M&A chez Alstom est centralisée et je rapporte au Directeur Juridique, Keith Carr. Les horaires de travail sont très longs et imprévisibles ; on peut partir en déplacement à tout moment. Mon équipe de juristes fait des transactions pour les différents secteurs d'Alstom dans le monde. Le travail d’un juriste M&A dans un groupe international comme Alstom est très divers, varié et transverse. Par exemple, dans le grand nombre de transactions que l’on voit chaque année, on traite un nombre considérable de sujets juridiquement intéressants et nous sommes confrontés à différentes lois propres à chaque pays. Tous les jours on apprend du nouveau, ce qui nous pousse à être plus créatifs. Nous ne nous contentons pas de rester dans le domaine juridique, car le M&A inclut la finance, les RH, la fiscalité, la stratégie, etc..., ce qui oblige à travailler de concert avec les spécialistes internes. Un autre aspect enrichissant: on travaille souvent avec les autres juristes d’Alstom (de toutes nationalités) dans d’autres pays.

En gros, mon poste passionnant fait des envieux dans le secteur fusions et acquisitions et comporte de nouveaux défis à relever en permanence. Quel bonheur !

Doris Lynn Speer, Directeur juridique ALSTOM et administratrice AFJE

 

A propos

jem13Cet article provient du numéro 13 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial est consacré à la mondialisation.

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