Les Rendez-vous des Transformations du Droit vous invitent à réinventer votre trajectoire professionnelle

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Les 18 et 19 novembre 2021 se tiendront les Rendez-vous des Transformations du Droit au Palais des congrès, Porte Maillot, à Paris. Coorganisé par l’association Open Law* le droit ouvert et le Village de la Justice. Cet événement se veut être le point de convergence des acteurs publics et privés qui innovent. Et l’innovation s’invite plus que jamais, sous toutes ses formes, dans les trajectoires professionnelles comme en témoigne Stéphane Baller, avocat of counsel au sein du cabinet De Gaulle Fleurance & associés, codirecteur du DU T2DL Transformation digitale du droit & Legaltech de Paris II, administrateur d’Open Law et coordinateur, avec la présidente Sumi Saint Auguste, du village consacré à ces évolutions.

Pourquoi avoir créé un village des trajectoires professionnelles dans un salon consacré à l’innovation dans le secteur juridique ?

Depuis la période Covid, la question de l’évolution professionnelle est loin d’être du domaine réservé des étudiants. Beaucoup de professionnels s’interrogent à faire évoluer leur pratique, leur structure et leurs équipes. Certains se sont même reconvertis. Cette période a clairement envoyé un signal d’alerte : le métier d’avocat ou de juriste d’entreprise change. Elle a été riche d’enseignements et nous a contraint à anticiper, y compris dans le contentieux. Il ne faut pas perdre de vue que demain l’administration de la justice sera très digitale et peut-être les magistrats plus formés ? Certes nous perdons en vie de Palais, mais nous pouvons gagner en efficacité et, surtout, le monde du droit crée une multitude de nouveaux besoins. Aussi, avons-nous souhaité réunir des personnalités autour des innovations pédagogiques qui permettent d’identifier de nouvelles compétences, tant pour les étudiants que pour les professionnels en activité. Grâce à plus de 120 ateliers et conférences, mais aussi à la présence d’une centaine d’exposants, les jeunes pourront imaginer leur future carrière et les plus expérimentés s’ouvrir sur le monde des LegalTech, des RegTech, du Legal Design et de l’innovation publique afin de trouver des axes de stratégies d’évolution enthousiasmante. C’est aussi l’occasion de rencontrer des confrères entrepreneurs qui sont, pour beaucoup, en avance, et pour d’autres en phase de réflexion prêts à oser.

Ce village doit proposer des solutions clés en main pour agir, offrir un accompagnement dans le changement et faciliter les passerelles possibles. Notre challenge est de montrer tant la diversité des solutions que le potentiel large d’inclusion à tous niveaux. Chaque visiteur devrait repartir inspiré par ce salon !

Parmi les nombreux temps forts du congrès, des Speed Dating sont organisés. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative et sur ces « moutons à cinq pattes » ?

Partant du vieil adage : « Le droit mène à tout à la condition d’en sortir… », nous avons souhaité mettre en avant des personnes qui n’ont pas des profils classiques mais qui, pour autant sont des professionnels du droit. Si la matière est riche ce n’est pas pour rien. Il s’agit d’une véritable ouverture sur des métiers qui font appel au droit. A titre d’exemple, on peut citer l’intervention de Cécile Amiah, CEO et co-fondatrice d’Izypaper, le service juridique et administratifs des entrepreneurs étrangers, ou encore Benoit Rolland de Ravel, qui œuvre en qualité d’accélérateur de la transition écologique et solidaire. Ces moutons ont une vision, ils sont prêts à dialoguer, à partager gratuitement leurs idées et assument leur différence prouvant la richesse de la diversité. Si l’on vient avec une certaine disponibilité, que l’on accepte de prendre un peu de temps (toujours compliqué dans nos métiers) à rencontrer et à écouter ces juristes au profil peu conforme à ceux que nous croisons à la fac de droit ou au Palais, cela peut nous permettre de nous inspirer de pratiques originales et de nous les réapproprier par la suite.

A titre personnel, j’estime que tout ce qui divise les professions du droit est nocif pour le positionnement stratégique du droit. Je souligne que les RDV des Transformations du droit sortent de l’entre-soi d’une profession. C’est le seul moment de l’année où l’on a une communion avec tous les corps de métiers issus des secteurs privé et public. Nous souhaitons confronter des acteurs différents pour que ce rapprochement se poursuive au-delà de ce salon et soit créatif. Il ne faut pas oublier qu’un bon réseau est plus compliqué à trouver que l’argent. Ces rencontres sont le moyen de vivre une interprofessionnalité en dehors de toute structure d’exercice.

Qu’est-il prévu concernant spécifiquement l’évolution de la formation à la profession d’avocat ?

Est organisé un débat sur les « Impératifs de formation et d’innovations sur le marché du droit ». Nous allons avoir une couverture plus large que la profession d’avocat et aller au-delà de la formation initiale puisque nous évoquerons aussi la formation continue, l’apprendre à apprendre à l’aube d’une réforme concernant la formation des avocats au 1er janvier 2022. Elle instaure une évolution des programmes alors que les écoles de formation ont enrichi les parcours afin de renforcer l’employabilité des élèves avocats : alternance, crée ton cab, Lab, MAPP, innovation, Legal Design… Ce sera l’occasion de rappeler aux étudiants qu’ils ont la possibilité de demander à intégrer une autre école que celle à laquelle leur IEJ est rattachée, dans l’hypothèse où leur projet professionnel le justifie.

Quelles questions poseriez-vous à un avocat sénior qui hésite encore à se rendre aux RDV des Transformations du droit ?  

Je lui poserai quatre questions. Tout d’abord : « Pouvez-vous comparer votre activité et démontrer objectivement sa pérennité ? Pourriez-vous la pitcher à un fonds d’investissement ISR ?». Ensuite : « Voulez-vous vraiment transmettre ? ». Enfin, si ce dernier me répond par l’affirmative, je lui demanderai : « Comment imagez-vous l’avenir ? », tout en lui rappelant qu’il faut aussi savoir transmettre son enthousiasme et dépasser les leviers financiers.

Mais je lui rappellerai même si c’est un lieu commun que la jeunesse est un état d’esprit ! Je ne suis plus très jeune, mais j’espère que dans les idées qui m’animent j’ai encore des envies de projets pour construire l’avenir et j’ai la conviction que ces innovations passent par la diversité. Dans le DU T2DL Transformation digitale du droit & Legaltech de Paris II, nous accueillons 50 % de jeunes et 50 % de professionnels car nous croyons à l’intergénérationnel, à la transmission du savoir autant qu’au reverse mentoring : une vraie piscine ! C’est un challenge d’inclusion à tous les niveaux, un challenge de transformation tant de nos professions, que de la société.

Quel est le futur de ce village au sein des RDV des Transformations du droit ?

Notre souhait est d’arriver à organiser des rendez-vous individuels pour faciliter les passerelles entre les professions (avocat, juriste d’entreprise, magistrat, etc.) et faire comprendre que c’est la recherche d’un métier, des compétences nécessaires pour bien le faire qui fait le choix d’un parcours et d’un diplôme : pas l’inverse! Les conditions sanitaires actuelles nous contraignent à reporter nos ambitions à l’an prochain, mais nous avons déjà quelques rêves d’avance et attendons les vôtres !  

Propos recueillis par Audrey Tabuteau