« L'avocat d'aujourd'hui dessine d'ores et déjà les prémices de l'avocat de demain »

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Dans le cadre de l’élection pour le renouvellement au tiers des membres du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris des 30 novembre et 1er décembre 2021, Le Monde du Droit a interrogé les candidats Sabrina Chekroun et Rachid Brihi.

Pourquoi vous présentez-vous ?

Aujourd'hui, nous sommes prêts à servir. Travaillistes depuis de nombreuses années, nous formons un binôme qui pourrait répondre aux besoins de l'Ordre et de nos confrères.

Rachid consacre depuis plus de 30 ans ses activités à la défense des salariés, des syndicats et des représentants du personnel, tandis que Sabrina œuvre pour la défense de l'employeur, notamment par une activité de conseil des entreprises. Cette dualité qui fait l’essence de notre profession, pourrait être utile au sein de l'Ordre. Nous avons une compréhension experte et poussée des rapports humains et des enjeux sociaux qui se jouent dans le monde du travail. D’une certaine manière, l'Ordre des avocats exerce aussi une mission institutionnelle visant à organiser les rapports de travail dans un monde particulier : celui des avocats.

Aussi, nous nous sentons tout à fait légitimes au sein du Conseil de l’Ordre à apporter humblement notre expérience.

Pour sa part, le choix de Rachid est le fruit d'une longue maturation. L'heure venue, il était temps d'offrir aux autres ce qui lui avait toujours été appris, confié et enseigné dans son parcours d'avocat. Le but est aujourd'hui de partager son temps et son énergie avec l'ensemble des confrères.

D’où vous est venue l’idée d’un tel binôme ?

Au sein même de notre matière qu'est le droit social, se meuvent d'incessants conflits de logiques, une sorte d'exacerbation des rapports, y compris entre les confrères. Depuis notre rencontre, nous pensons avoir démontré que nous pouvions être tant dans l'adversité pugnace et l'investissement pour la défense des intérêts respectifs de nos clients, qu'attachés à la diversité, aux règles de notre profession, notamment la confraternité. C'est dans cette diversité que nous ferons passer ce message précis : même dans la contradiction, nous avons la capacité à rechercher des solutions constructives, et ce, toujours dans l’intérêt général de notre barreau.

Nous avons un grand respect mutuel, l'un envers l'autre. Opposés dans les litiges, notre mode d'intervention est pourtant complémentaire : si Rachid est un plaideur, Sabrina trouve la majorité de son activité dans le conseil.

Nous pourrons donc nous appuyer l'un sur l'autre pour aider à trouver les compromis nécessaires car nous avons bien conscience que le pluralisme du barreau est autant une richesse qu’un exercice nécessitant écoute et diplomatie.

Quelles sont les idées que vous aimeriez défendre dans le cadre de votre élection ?

D'abord, nous approchons ce projet avec beaucoup de modestie dès lors que nous avons les idées claires de ce que devra être notre mission : mettre en œuvre les projets de la Bâtonnière. Notre présence au Conseil pourrait permettre de mobiliser encore plus notre barreau afin d’améliorer par exemple le fonctionnement de la justice sociale. D'ailleurs, dans le cadre des Etats Généraux de la Justice, Rachid participe au groupe de travail sur la justice sociale et économique.

Nous souhaitons aussi servir individuellement nos confrères, dans la diversité de nos exercices professionnels, c'est pourquoi nous voulons être un binôme disponible, permettre aux confrères d’accéder, sans entrave, à l'Ordre et à ses services, encore perçus comme très peu accessibles pour beaucoup.

Quelle est votre vision de l’avocat de demain ?

L'avocat de demain sera un avocat performant parce que formé à haut niveau et inspirant donc confiance à ses clients. Le barreau, quant à lui, sera uni et solidaire. Il faut garder en tête que notre profession foisonne de créativité et de flexibilité. Les avocats sont par nature des professionnels qui affectionnent de relever les challenges, comme l’ont fait nos anciens à l’époque de la fusion des professions et de la création du CNB. C'est pourquoi les divers bouleversements, parmi lesquels, la digitalisation, seront des défis qui devront être relevés avec audace. Mais cela passera aussi par l’attachement aux valeurs essentielles de la profession, au nombre desquelles notamment la liberté, la dignité, l'indépendance et l'humanité. Quelle que soit la sophistication technologique de nos outils de travail, les avocats – et donc l'Ordre – devront toujours défendre scrupuleusement et fermement ces principes, comme par exemple le secret professionnel, parce qu’ils sont gages de démocratie et de liberté pour tous nos concitoyens.  

Propos recueillis par Léa Verdure