Emmanuelle Porte, Associée Redlink

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Emmanuelle Porte, Associée RedlinkLe Monde du Droit a interrogé Emmanuelle Porte qui vient de rejoindre Redlink en tant qu'associée.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Redlink ?

Redlink est un cabinet qui a tout d’un "grand" et la souplesse d’une "boutique" : dans un marché extrêmement concurrentiel, il faut allier compétences, réactivité, coûts mesurés et esprit d’entreprise. Entre associés, le modèle est participatif et très incitatif à la recherche des synergies. Le positionnement sectoriel, notamment sur les "nouvelles technologies", et une clientèle très variée allant de l’entrepreneur au grand groupe international, me rassurent sur notre capacité intrinsèque à nous développer. Redlink a su imposer sa marque en matière de franchise et distribution, ainsi que dans le secteur des médias (M6, Al Jazeera, éditeurs, …), et ambitionne de réitérer en devenant un acteur de référence dans d’autres secteurs, comme les nouvelles technologies. J’ai particulièrement aimé l’ambiance entre les avocats de Redlink : envie, enthousiasme et franchise.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ? 

J’ai longtemps été un produit "arthurien" : conquise par le modèle lisible, encadré, pluridisciplinaire, appuyée par des mentors, etc. Bref une vraie école du conseil aux grands groupes, alimenté par le "réseau arthurien". Après l’implosion d’Arthur Andersen, j’ai découvert Taylor Wessing, spin off de Landwell, où je retrouvais un esprit "big four" plus entrepreneurial dans un environnement européen à la gouvernance souple. Puis, nouveau test du modèle anglo-saxon : la création du bureau parisien de Nixon Peabody, firme américaine. J’ai énormément évolué durant ces quatre années où j’ai à la fois découvert la "fonction" d’associée, développé de zéro une clientèle, tissé des liens avec les US dans un contexte de crise de la zone euro. Aujourd’hui, comme j’aime varier les plaisirs, que j’ai gagné en confiance, que je crois que le métier d’avocat doit s’adapter aux mutations des clients, j’ai envie de m’impliquer dans un modèle alternatif : plus souple, indépendant, à taille humaine, en pleine croissance (mesurée) comme Redlink.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

Pendant très longtemps, je dirais … Arthur ! J’ai une formation école de commerce et droit, et c’est certainement ce modèle arthurien au confluent du chiffre, du droit et du "consulting" qui répondait à mon profil et à ma vision du métier d’avocat d’affaires. Un grand groupe, divers métiers entremêlés, une évolution de carrière adossé à un système d’évaluation à 360°, les rencontres dans le réseau mondial, les "schools", etc. J’ai appris très tôt le langage des entreprises et des entrepreneurs.

Quels sont vos domaines de compétences ?

Je suis un avocat corporate et M&A. Je me suis découvert depuis quelques années un vrai intérêt pour l’industrie des biotech/medtech et ses problématiques de financement. Je réalise donc aujourd’hui beaucoup d’opérations de venture capital et de sortie boursières ou industrielles, pour ces sociétés ou leurs fonds d’investissement. Et surtout, j’essaie de comprendre les enjeux de ce secteur et de manière plus large des Sciences de la Vie, et d’offrir à mes clients toutes les compétences nécessaires à leurs projets "technologiques". La passion de ces scientifiques entrepreneurs est très communicative, ils sont souvent brillants, cherchent constamment la "rupture technologique" qui fera avancer la science. C’est motivant pour un avocat de tenter de comprendre cet "écosystème", ses enjeux et sa dimension éthique et humaine. Je ne comprends pas la science dans ses détails bien évidemment, mais le plongeon dans cette matière est stimulant !

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ce secteur d'activité ?

Ce secteur des Sciences de la Vie est en pleine mutation : besoin croissant de soins, population vieillissante, et nécessité de repenser entièrement le modèle de remboursement des soins qui est en faillite. En amont ou aux côtés des pharmas, le secteur des biotech vit des difficultés étonnantes de financement, alors qu’il est certainement un des secteurs les plus stratégiques au plan économique, créateur d’une multitude d’emplois dans de nombreuses TPE et PME au plan régional, et surtout véhicule d’une image de marque et d’excellence scientifique de la France dans le monde. On a donc d’un côté de l’équation, un besoin crucial de financer des projets de R&D très consommateurs de ressources avec un retour sur investissement potentiellement énorme et de l’autre, une raréfaction des fonds d’investissement français qui assuraient la grande majorité du financement de ces sociétés innovantes. Certains disparaissent ou peinent à lever des fonds auprès de leurs partenaires, tandis que les marchés boursiers sont encore en dessous des attentes comme financement alternatif au venture capital (toutefois une vraie fenêtre s’est ré-ouverte depuis 2012). Seuls les projets très novateurs ou peu risqués trouvent à se financer à l’heure actuelle. Il faut sortir de cette impasse. Heureusement, quelques fonds d’autres pays européens interviennent ainsi que des corporate funds.

Quels sont vos objectifs pour le cabinet ? 

Je vais me concentrer sur les "nouvelles technologies" et l’offre multi-compétences pour ce secteur. Nous pouvons développer beaucoup de synergies entre IP/IT, corporate, fiscal et social dans les secteurs des NTIC, de l’e-business et bien sûr des biotech/medtech que je viens renforcer. Nous avons de vrais atouts pour nous positionner en Sciences de la Vie, notamment notre compétence en droit public des affaires sur des questions fréquentes de relations avec les autorités réglementaires et les organisations académiques, personnes et collectivités publiques, ainsi que la structuration de partenariats Public-Privé. Notre connaissance des NTIC est un atout bien entendu pour le secteur des medtech.


Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER