Nicolas Mordaunt-Crook, Associé, Lefèvre Pelletier & associés

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Nicolas Mordaunt-Crook - Avocat Associé - Lefèvre Pelletier & associésLe Monde du Droit a rencontré Nicolas Mordaunt-Crook qui vient de rejoindre le département Banque & Finance du cabinet Lefèvre Pelletier & associés en tant qu'Associé.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Lefèvre Pelletier & associés ?

Parce qu’après avoir pratiqué un certain nombre de cabinets aux profils très variés, je pense trouver chez LPA tout à la fois :

- un environnement humain qui me convient bien, s’agissant d’un cabinet qui m’est familier pour y avoir travaillé quelque 3 années mais qui s’est également depuis lors assez profondément renouvelé ;
- une taille critique indispensable à l’adossement de ma pratique à des spécialités complémentaires, avec des synergies potentiellement très importantes, y compris bien sûr en immobilier ;
- une réputation qui constitue un élément de crédibilité et un levier important pour le développement de mon activité ;
- une vraie vision stratégique, y compris dans la politique de développement à l’international.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après un double cursus académique (Sciences Po et droit), j’ai d’abord passé 7 années dans une association professionnelle, l’ASF, qui couvre les activités des établissements de crédit spécialisés. J’y ai acquis une solide connaissance de la réglementation financière française et européenne et du droit de la consommation, dans le cadre d’une activité de lobbying auprès des pouvoirs publics ou de négociations avec des institutions représentatives (associations de consommateurs). 

Ayant ensuite passé l’examen et fait l’école du barreau, j’ai exercé le métier d’avocat dans différents cabinets, Deloitte (aujourd’hui Taj), Lefèvre Pelletier, Freshfields et Landwell, en faisant également un passage intéressant en entreprise chez Cofidis. Ces expériences m’ont beaucoup apporté, dans leur diversité, qui m’a permis de me frotter à des environnements très différents : cabinet anglais ou français, monde de l’audit, et entreprise. Le fil conducteur a été le droit bancaire et financier que j’ai pratiqué, de manière constante, au travers de ces quelque 15 années.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

C’est une question difficile d’autant que je ne crois pas avoir de modèle ou d’icône qui ait guidé mes pas.

De mon parcours en cabinet, qu’il s’agisse de Lefèvre Pelletier, Freshfields, ou Landwell que je quitte aujourd’hui, je retiens plusieurs noms qu’il serait artificiel de vouloir départager ou prioriser. De manière générale, j’ai toujours été admiratif des confrères dont la compétence et le talent se suffisent et s’imposent, dans un environnement où il est parfois difficile d’échapper aux postures de circonstance.

Je voudrais aussi dire la chance que j’ai eue, tout au long de ces années, avec mes collaborateurs et collaboratrices, dont l’appui et la fidélité ont été pour moi et demeurent aujourd’hui un véritable moteur.

Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?

Une réunion de négociation surréaliste dans un hôtel improbable, au milieu des champs de maïs, avec l’aéroport de Lille-Lesquin à l’horizon. Et un fou rire irrépressible à la sortie.

Quels sont vos domaines de compétences ?

Trois pôles sectoriels et un segment transversal composent mon activité : 

1. Droit bancaire et services de paiement

  • crédits et assimilés (opérations de crédit-bail, affacturage) comprenant la négociation des financements, des sûretés et instruments de couverture y associés
  • activités de collecte de dépôts
  • émission d’instruments de paiement (pour des acteurs du monde de l’internet)
  • réorganisations bancaires (changements de contrôle, transferts d’activité).

2. Intermédiation financière et services d’investissement :

J’interviens sur l’ensemble du spectre des activités pour compte de tiers, en liaison ou non avec le fonctionnement des marchés réglementés (offres au public) ou d’autres lieux d’exécution des ordres (plateformes multilatérales de négociation). 

3. Gestion d’actifs

Outre mon expertise dans le domaine des OPCVM coordonnés, j’ai développé des compétences dans trois directions principales :

  • la structuration d’activités de gestion immobilière intégrant la constitution d’OPCI (que ce soit par constitution d’une société de gestion ab initio ou le recours à une entité tierce)
  • le capital-risque : constitution de FCPR et les montages de holdings ISF / IR 
  • la définition et l’agrément des programmes d‘activités de structures de gestion alternatives (eg stratégies quantitatives)

4. Commercialisation / distribution de services et produits financiers

Il s’agit d’un volet transversal, qui couvre les trois secteurs (cadre législatif et règlementaire en voie d’harmonisation) et comprend notamment la définition de l’architecture contractuelle et statutaire des réseaux de distribution et la mise en place des chaînes de mandats de démarchage.

J’interviens sur mes dossiers en conseil et selon trois angles d’approche distincts mais combinables et – de facto – souvent combinés : (i) structuration réglementaire : conseiller et assister le client dans la structuration d’activités financières (ii) transactionnel de conformité : assister le client dans la rédaction de sa documentation contractuelle, avec pour objectif principal d’en assurer la validité / la conformité aux lois et décrets (iii) transactionnel de négociation.

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?

La crise financière et le climat d’urgence qui s’y rattache fourmillent d’actualités marquantes ayant un retentissement en matière bancaire et financière (accord de stabilité budgétaire européen, discussions autour de l’émission d’eurobonds, dégradation de la notation de banques européennes, menaces de dégradation de la note des états européens etc).

S’agissant plus directement des activités financières, l’actualité législative et réglementaire – pour l’essentiel d’ailleurs en liaison avec la crise – est également lourde d’implications :
- nouvelles exigences prudentielles issues de Bâle III pour les banques (cf. proposition de directive et de règlement européens),
- s’agissant des marchés financiers, nouvelles règles issues de la révision prochaine de la MIF et de la proposition de règlement européen sur les infrastructures de marché,
- en matière de gestion d’actifs, (propositions de) mesures d’application de la directive AIFM (laquelle va attraire dans le champ des activités réglementées différents gérants d’actifs jusqu’ici non réglementés y compris dans le domaine immobilier),
- champ d’application extraterritorial de la législation financière US adoptée ou en cours d’adoption susceptible d’avoir un impact sur l’activité d’établissements de crédit, de gérants d’actifs ou de prestataires de services d’investissement européens (Dodd Frank Act et modifications apportées au champ d’application du Investment Advisers Act, Volcker Rule, nouvelles règles concernant la négociation des dérivés).

Qui conseillez-vous ?

Je conseille majoritairement une clientèle française et étrangère d’institutions financières, composée de :

  • gérants d’actifs (OPCVM, hedge, private equity, immobilier/OPCI),
  • d’entreprises d’investissement / d’intermédiaires financiers, 
  • d’établissements de crédit (banques privées, banques de dépôt ou sociétés financières, en général, mais pas toujours, de taille moyenne).

Je travaille également pour des acteurs du monde industriel ou du secteur de l’énergie dont les besoins de financement sont importants.

Quels sont vos objectifs pour le cabinet ?

Je m’attacherai à conserver et à développer, sur le moyen terme, mes trois secteurs d’intervention (bancaire / financements, intermédiation / services d’investissement et gestion d’actifs), en faisant jouer au mieux les synergies qu’ils présentent avec les spécialités présentes chez LPA (banque finance, immobilier, corporate / fusions-acquisitions).

Je souhaite plus spécialement renforcer la pratique du cabinet dans les domaines de la gestion d’actifs et de la distribution de produits financiers, dans un contexte de resserrement et de complexification croissante des contraintes juridiques (cf.directives AIFM, MIF2, Dodd-Frank Act etc).

De manière générale, je suis convaincu de la pertinence du renforcement des expertises de LPA en droit financier, à l’heure où l’environnement juridique européen et américain, en pleine mutation, va contraindre les institutions financières à repenser l’organisation de leurs activités.