Cyril Duriga, Directeur juridique de Sage

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Cyril Duriga - Directeur juridique - Sage France Le Monde du Droit a rencontré Cyril Duriga qui vient d'être nommé Directeur juridique de Sage.

 Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je viens d’être nommé directeur juridique de Sage en France après avoir été pendant plus de trois ans, responsable juridique en charge des activités opérationnelles.

J’ai un parcours de juriste privatiste que j’ai initié à l’université de Caen. J’ai obtenu une maitrise de droit privé européen après avoir passé une année à Bristol en Grande-Bretagne, puis un DEA en droit de propriété intellectuelle à l’université de Montpellier.

J’ai débuté ma carrière en tant que juriste dans ce domaine en exerçant au sein de l’INPI puis du Groupe JC Decaux. Finalement, j’ai choisi d’étendre mes domaines  d’expertise en droit des affaires, et en particulier celui des contrats au sein de Capgemini France puis de Sage.

Qu'est-ce  qui a motivé votre décision de rejoindre Sage ?

J’ai été recruté chez Sage pour un poste en création, celui de responsable juridique dédié aux activités opérationnelles avec sous ma responsabilité, une équipe de trois personnes.

Participer à la création d’un tel poste en mettant en place de nouveaux process, de nouvelles méthodes de travail et l’aspect managérial m’ont particulièrement motivé. Par ailleurs, à la différence d’autres grands acteurs de ce secteur d’activité, la direction juridique de Sage en France a un degré d’autonomie important vis-à-vis de son groupe ce qui laisse place à l’innovation et à l’agilité, deux des principes de Sage. Cet aspect a été important dans mon choix de rejoindre Sage.

Vous arrive-t-il d’externaliser certaines fonctions ?

Nous pouvons avoir besoin de conseils juridiques ponctuels nécessitant une expertise spécifique. Nous n’hésitons pas à cibler très précisément leurs domaines de compétences et à prendre les meilleurs dans chacun d’eux.  

Nous externalisons aussi auprès de cabinets de conseil en propriété intellectuelle certaines opérations relatives à notre portefeuille de marques, notamment pour leur gestion à l’international. Enfin, nous confions une partie de la gestion de nos contentieux à des avocats. Outre leur domaine d’expertise, nos conseils doivent posséder une très grande réactivité et être proactif dans la gestion de nos dossiers. Ils doivent pour cela disposer d’une excellente connaissance de notre domaine d’activité.

Pourriez-vous nous parler d’un événement d’actualité marquant dans votre domaine d’expertise ?

Depuis le 1er juillet 2011, la loi britannique anti-corruption (Bribery Act 2010) impose à toutes les sociétés britanniques de se conformer à une législation anti-corruption assez sévère. Cette loi est applicable quel que soit le pays dans lequel la corruption a lieu, notamment si celle-ci est commise pour le compte d’une entreprise britannique.
Bien que nous estimions que le risque de non-conformité avec cette loi était faible compte tenu de notre forte culture éthique, nous avons dû nous assurer que ces nouvelles mesures de notre politique groupe étaient conformes à nos procédures déjà existantes et compléter ces dernières si nécessaire.
Cet exercice était très intéressant car il a nécessité une étroite collaboration entre les activités juridiques et le risk management.

Comment est organisée la direction juridique ?

La direction juridique de Sage est rattachée à la direction administrative et financière, elle-même attachée à la direction générale.

La direction juridique compte une douzaine de personnes qui se répartissent au sein de cinq pôles, avec leurs domaines d’expertise propres : le pôle activités opérationnelles qui traite l’ensemble de questions juridiques propres aux activités  business de Sage (contrats clients et partenaires, supports aux activités marketing, gestion des pré-contentieux, etc.), le pôle « corporate » qui gère notamment le droit des sociétés (secrétariat des sociétés, les acquisitions, les délégations, etc.), le support aux services généraux et achat (contrat avec les fournisseurs, baux, etc.), le pôle contentieux, le pôle propriété intellectuelle (gestion des marques et des noms de domaine, des contrats à forte composante propriété intellectuelle tels que les contrat d’achat de technologies tierces, contrat avec agence publicitaire, et les problématiques de contrefaçon), et enfin, le pôle « risk management » et audit interne. Ce dernier pôle est une particularité en ce que cette activité, par ailleurs complémentaire à celle purement juridique, est intégrée à la direction juridique. Ce pôle assure la promotion et la mise en place de la politique du groupe en termes de « risk management », et assure les audits internes.

Comment fonctionne la direction juridique ?

Chaque pôle est relativement autonome dans la gestion de ses missions, car notre organisation par domaine d’expertise est assez bien connue au sein de l’entreprise.

Nos clients internes connaissent en général les différents interlocuteurs au sein de chaque pôle et en particulier, le responsable de chacune de ces activités.

Par ailleurs, dans la culture de l’entreprise et compte tenu des process mis en place, la direction juridique est très impliquée dans l’ensemble des opérations menées par l’entreprise. Nous nous efforçons d’intervenir en amont et en aval des projets. Par exemple, nous intervenons comme conseil dans le montage de nouvelles offres, dans la validation des campagnes marketing, la construction de outils contractuels et afférents, la négociation des contrats avec les clients ou partenaires, enfin la gestion des litiges. A travers cette organisation, nous cherchons à rendre les process plus fluides entre les différentes directions et la direction juridique.

Comment voyez-vous votre rôle ?

La direction juridique a un rôle de conseil et d’accompagnement de la direction générale et des directions opérationnelles de Sage dans le développement de son activité. Notre action est étroitement liée aux objectifs de croissance de l’entreprise ainsi qu’à la gestion des risques.

En tant que directeur juridique, j’ai d’une part une mission d’animation et d’organisation d’une équipe d’experts et aussi d’arbitrage sur certains dossiers. J’ai d’autre part une mission de représentation auprès des autres managers des différentes directions clientes de la direction juridique.
Le management est prépondérant dans mon activité, j’accompagne mes collaborateurs dans la réalisation de leur mission et dans le développement de leur parcours. Renforcer, faciliter la cohésion au sein de l’équipe est au cœur de mes préoccupations.

Quelles sont les spécificités propres à une entreprise comme Sage ?

Contrairement à d’autres grands groupes mondiaux, Sage laisse une relative autonomie à ses structures opérationnelles dans la gestion de son activité. Nous ne sommes pas dans un exercice imposé par le groupe mais dans l’échange et le partage d’information et de bonnes pratiques. Ceci favorise la créativité car nous avons une marge de manœuvre dans la mise en place de nos process internes et outils juridiques, ce qui nous permet de nous adapter au marché local et aux problématiques de nos clients.

Une autre particularité de Sage, dont j’ai parlé précédemment, est la participation forte de la direction juridique dans la stratégie de Sage. Nous accompagnons réellement le développement de ses offres, de ses produits et de sa stratégie de croissance.

Pouvez-vous nous raconter votre "journée-type" ?

Il n’y a pas de journée-type mais plutôt des semaines-type. Nous avons, certes, des projets qui s’inscrivent dans la durée mais notre activité comprend également une part d’imprévu dépendant des activités business.
Notre organisation conduit chaque collaborateur à travailler en autonomie mais nous faisons chaque semaine des points de situation. Je m’entretiens avec chacun de mes responsables de pôles. Ce sont ces points de situation qui rythment notre semaine.

 

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER


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