Fernanda Alonso-Gautrais, Directeur Juridique et Ressources Humaines, THEOLIA

Interviews
Outils
TAILLE DU TEXTE

fernandaalonsoFernanda Alonso-Gautrais, Directeur Juridique et Ressources Humaines de THEOLIA a répondu aux questions du Monde du Droit. Selon elle, le "Directeur Juridique doit sécuriser les actes juridiques et maîtriser les risques du groupe. Il doit également assister la Direction Générale dans sa prise de décision et dans la mise en place de sa stratégie. Plus particulièrement, le Directeur Juridique doit rester en contact avec la réalité du monde des affaires"

Pourriez-vous vous présenter brièvement ?

Avocate inscrite au barreau de Sao Paulo (Brésil), j’ai travaillé dans des cabinets d’avocats spécialisés en droit des affaires avant de venir en France en 1999 pour approfondir ma formation en droit.  J’ai suivi la majeure commerce international de Sciences-Po Paris, puis j’ai passé un DEA en droit international économique à l’Université Paris I (Panthéon Sorbonne). 

Parallèlement à mes études, j’ai débuté ma carrière professionnelle en France en tant que Juriste International au sein de la direction juridique de Suez Environnement où j’étais chargée des appels d’offres internationaux, financement de projets, fusions et acquisitions ainsi que du suivi des contentieux internationaux pour certaines filiales du groupe basées en Italie, Brésil, Mexique, Ouganda, Chine et Maroc.  Mutée à Londres en 2006, je suis devenue responsable des aspects juridiques des financements de projets chez Sita UK (filiale de Suez Environnement dans le domaine de la propreté). 

Depuis juin 2008, je suis de retour en France en tant que Directeur Juridique et Ressources Humaines de THEOLIA SA, producteur indépendant d’énergie éolienne cotée sur NYSE Euronext (Compartiment B) ayant des filiales en France, Italie, Allemagne, Maroc et Brésil. THEOLIA développe, construit et exploite des parcs éoliens pour son compte propre et pour le compte de tiers.

Comment fonctionne la direction juridique de THEOLIA ?

Bien que je sois en charge à la fois de la direction juridique et des ressources humaines, les deux départements sont parfaitement indépendants au sein de THEOLIA.

La direction juridique du siège est composée de deux juristes généralistes, une assistante juridique corporate et une stagiaire (élève-avocat).  À cela s’ajoutent les juristes et assistantes de chaque filiale du groupe avec qui nous travaillons en synergie.  L’objectif de cette organisation est d’identifier les compétences spécifiques de nos juristes et de les faire travailler non seulement sur les dossiers de leurs pays mais aussi sur des problématiques transversales à toutes nos filiales.

Le champ d’intervention de la direction juridique est assez large : droit boursier, droit des sociétés, fusions et acquisitions, financement de projets, négociations avec les fournisseurs (turbiniers), contrats de construction, contrats de maintenance, suivi des contentieux, assurances.

THEOLIA est une entreprise qui développe l’énergie éolienne, quelles sont les spécificités dans votre travail ?

Le secteur des énergies renouvelables est relativement récent et en plein essor.  De ce fait, au sein du département juridique, nous nous efforçons d’effectuer des veilles juridiques approfondies et de rester proches de nos opérationnels dans les différents pays, afin de mieux appréhender les développements du secteur.  Cette compréhension de la réglementation du secteur et des contraintes techniques est essentielle pour que nous puissions adapter nos outils de travail (en premier lieu les contrats) et mieux protéger les intérêts du groupe.  

Comment voyez-vous votre rôle ?

D’une manière générale, le Directeur Juridique doit sécuriser les actes juridiques et maîtriser les risques du groupe.  Il doit également assister la Direction Générale dans sa prise de décision et dans la mise en place de sa stratégie. C’est un rôle délicat.  Il faut cibler les dangers tout en suggérant des solutions aussi solides qu’appropriées pour les maîtriser et ne pas freiner indûment le développement de l’activité de la société.
Plus particulièrement, le Directeur Juridique doit rester en contact avec la réalité du monde des affaires, être fort de propositions et promouvoir l’épanouissement professionnel de son équipe.

Vous arrive-t-il d’externaliser certaines fonctions ?

Le mot d’ordre est d’externaliser le minimum possible, non seulement pour des raisons budgétaires, mais aussi parce que je considère avant tout que les juristes d’entreprises doivent continuer à travailler sur le fond des dossiers,.  Cependant, du fait de notre charge de travail et du besoin de conseils spécifiques pour compléter nos compétences internes dans certains dossiers spéficiques, nous sommes amenés à nous faire assister par différents cabinets d’avocats avec lesquels nous avons développé une véritable logique de partenariat.

Pouvez-vous nous raconter votre "journée-type" ?

Un des avantages de travailler chez THEOLIA, c’est la richesse des dossiers et la diversité des sujets traités, donc pas de journée type !  Je fais des points réguliers avec mes interlocuteurs internes (Direction Générale, juristes, juristes-pays et opérationnels) et je participe à des négociations avec nos partenaires, mais je reste avant tout une opérationnelle.  Une grande partie de mon temps est ainsi consacrée à la rédaction de contrats et à l’élaboration de la stratégie juridique de nos dossiers contentieux.

Pourriez-vous nous parler d’un événement d’actualité marquant dans votre domaine d’expertise ?

Depuis la loi dite "Grenelle 2" du 12 juillet 2010 et ses différents textes d’application, notamment le décret n°2011-984 du 23 août 2011, les éoliennes sont des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).  

Pour les développeurs de projets, cette réforme implique d’obtenir un titre d'exploitation ICPE, en plus du permis de construire.  Cela suppose la rédaction d'études supplémentaires et un processus qui aura des impacts sur les délais d'instruction du dossier, l’obtention de l’accord d'autorités tierces et la soumission des développeurs aux risques de sanctions administratives et pénales prévues en matière d'installations classées.

L’alourdissement des conditions de réalisation d’un parc éolien et les nouvelles exigences en matière technique et financière auront aussi un impact considérable sur les conditions d’obtention des financements pour les projets éoliens.

Par conséquent, les juristes et opérationnels du secteur devront être encore plus attentifs afin de sécuriser au maximum le développement des parcs éoliens.

 

Propos recueillis par Laura BUFFART