Pouvez-vous nous parler de la vacation, en quoi cela consiste ?

Quand un avocat n’est pas en mesure de se  présenter devant une juridiction en particulier, celui-ci peut demander à un confrère de  le remplacer le temps d’une audience.  C’est cela une vacation. Il s’agit d’une pratique assez courante qui permet de faire face à des problèmes d’agenda récurrents.

Par exemple, que puis-je faire s’il me faut plaider le même jour et à la même heure devant le Tribunal de grande instance de Bordeaux et la Cour d’appel de Paris ?  Je peux tenter de faire renvoyer l’un des deux dossiers. Mais un tel renvoi n’est jamais acquis et peut être problématique compte tenu des intérêts en jeu. En outre, le confrère adverse peut s’y opposer.

Il faut savoir également que certaines juridictions ont pour politique de refuser  systématiquement le report des dates de plaidoiries. Dans ce cas, vous n’avez pas le choix, vous devez faire appel à un confrère vacataire. Il est important de préciser  que ce dernier n’a pas un statut particulier. Tout avocat inscrit au Barreau est à même d’effectuer des vacations.

Comment vous est venue l’idée de créer ce site ?

Un accident de parcours est à l’origine de la création du site www.vacations-avocats.fr.

Pendant près de 15 ans, j’ai exercé mon métier de façon traditionnelle comme bon nombre de mes confrères dans un cabinet à taille humaine avec secrétaire, collaborateurs et associés. Je n’avais aucune présence sur le web. L’informatique se réduisait à l’utilisation d’un traitement de texte.

Fin 2006, mes associés de l’époque et moi-même avons fait l’acquisition de locaux dans un immeuble ancien à Paris dans le 8ème arrondissement. Les problèmes ont commencé lorsque nous avons entrepris d’importants travaux de rénovation qui ont duré près de 2 ans et non 4 mois comme cela était initialement prévu.

Durant cette période plutôt cauchemardesque, je n’ai eu ni bureau, ni salle de réunion à ma disposition. Il m’a fallu mettre en place en catastrophe une nouvelle organisation qui relevait avant tout du sauvetage et du système D. Cette situation m’a amené à m’intéresser de très près aux nouvelles technologies et aux outils permettant de travailler à distance. 

Puis du système D, je suis passé au concept. J’ai quitté mes associés et ai créé le premier prototype d’un cabinet d’avocat aux structures dématérialisées (www.e-touati.com). L’optimisation de mes conditions d’exercice m’a conduit à imaginer ce qui constitue désormais le premier réseau social spécialisé dédié à l’organisation des vacations entre avocats et à la postulation.

L’idée est de permettre aux avocats d’optimiser au maximum leur temps et leur déplacement, de régler en trois clics les problèmes d’agenda sans avoir à passer de multiples appels téléphoniques à la recherche d’un confrère vacataire, de faciliter de la même  manière la recherche d’un avocat postulant et ainsi de mieux gérer les situations d’urgence avec pour corollaire une meilleure gestion du stress. Mais avant tout, ce nouvel outil vise à créer des synergies entre confrères.

Comment fonctionne le site ?

L’inscription est gratuite. Une fois inscrit, l’avocat accède à son espace personnel à partir duquel il peut  créer son profil et faire connaître auprès des membres de sa profession ses domaines d'intervention, son expérience et sa disponibilité.
Il peut également inscrire ses audiences en vue de se voir confier des vacations et optimiser son temps ; diffuser des annonces de vacations afin de confier à un confrère la plaidoirie d'un dossier ; rechercher un confrère vacataire, soit de manière générale (par nom, par domaine d'intervention, par région, département ou ville), soit de manière plus précise (par date et lieu de juridiction) ; consulter la liste des avocats présents à l’audience d’une juridiction en particulier et accéder au profil du confrère sélectionné ; placer dans ses favoris les confrères avec lesquels il travaille habituellement tout en ayant accès directement au profil de ces derniers, leurs audiences et leurs annonces ; rechercher un confrère postulant (recherche par nom, par département et ville) ; s’inscrire sur le premier annuaire des avocats vacataires et des avocats postulants et communiquer à partir de son espace personnel avec ses confrères.

Qu’est ce que la vie d’un avocat 2.0 ?

Pour moi, ce n’est pas une mode mais une nouvelle façon de vivre sa vie professionnelle, tout en sauvegardant sa vie privée. Les nouvelles technologies offrent la possibilité d’une véritable révolution. Celle-ci est d’ores et déjà en marche, de par la mise en place du système e-barreau et de la dématérialisation des échanges entre les avocats et les tribunaux. 

Au niveau du cabinet, je reçois de plus en plus souvent mes clients par visioconférence via une plateforme web délivrant une image et un son haute définition. Ainsi, j’évite souvent des déplacements en province qui m’auraient conduit à perdre une journée entière. Mes clients apprécient puisque de cette manière les factures sont bien plus légères.

En fait, mon cabinet est là où j’ai besoin qu’il soit, quel que soit l’endroit où je me trouve. Je peux donc travailler de n’importe où, à condition toutefois d’être connecté à internet.

La profession est elle prête ?

Par ce système, j’ai réduit mes charges fixes de plus de 60 %. Je pense qu’il s’agit là d’un argument qui est de nature à faire réfléchir et ce particulièrement en cette période difficile sur le plan économique. En réalité, je crois que nous n’avons pas vraiment le choix.

La profession d’avocat doit s’orienter vers de nouvelles formes d’exercice pour s’adapter à un monde en pleine mutation. Nous ne pouvons plus facturer nos clients comme nous le faisions auparavant.

Nous sommes désormais sérieusement mis en concurrence et nous n’avons plus à mon avis le luxe de nous poser la question de savoir si la profession est prête ou non. 

Les nouvelles technologies offrent de nouvelles opportunités et de nouveaux espaces à conquérir. Il faut saisir cette chance, maintenant.