Jean François Banaszkiewicz, Directeur juridique, Delfingen Group

Interviews
Outils
TAILLE DU TEXTE

Jean François Banaszkiewicz - Directeur juridique - Delfingen Group Jean François Banaszkiewicz, Directeur juridique, Delfingen Group : "Je travaille beaucoup sur le relationnel avec nos cabinets d’avocats et conseils et dans la relation à long terme avec ces derniers. Ceci me permet d’avoir une certaine réactivité en temps utile de la part de nos conseils."

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après une formation classique en droit et un troisième cycle en droit des affaires internationales (Université de Bourgogne) complété par un second troisième cycle en commerce et finance internationales (Université de Limoges), j’ai commencé ma carrière en tant que Juriste au sein de la société Laboratoires Lehning (industrie pharmaceutique). Lors de cette expérience de quatre ans, j’ai créé le Service Juridique avant de souhaiter vouloir donner une dimension plus internationale à ma formation juridique en allant étudier un LL.M à la faculté de droit de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie, Etats-Unis.

Cette nouvelle expérience étudiante, enrichissante à tous points de vue, m’a conforté dans mon souhait de travailler au sein d’un milieu international et multiculturel ; opportunités qui m’ont été données tant à mon retour des Etats-Unis, par la société Chargeurs Entoilage où j’ai dirigé pendant cinq ans le Service Juridique de cette société holding (industrie textile) disposant de nombreuses filiales à l’international puis par un passage au sein des services juridiques d’une des sociétés de la division Matériaux Haute Performance du groupe Saint Gobain, Société Européenne de Produits Réfractaires (produits réfractaires et céramiques industrielles), puis de la filiale française d’un groupe américain Steelcase (mobilier de bureau), et enfin, en dirigeant le Service Juridique d’une des filiales françaises du groupe allemand Siemens, Siemens VAI Metals Technologies (biens d’équipements pour l’industrie métallurgique) pendant presque trois ans.

Je suis actuellement Directeur Juridique d’une société holding, la société Delfingen Group, située dans le Doubs. Cette société familiale exerce son activité à la fois, sur le plan industriel, mais aussi en tant que prestataire de services à la personne, dédiés à la petite enfance. En effet, le Groupe est un équipementier automobile (fabrication et distribution de gaines plastiques et textiles pour la protection du câblage électrique et le transfert de fluides), implanté dans 14 pays (dont l’une de ses filiales est cotée sur Euronext Paris). En 2007, le groupe s’est diversifié afin d’avoir une alternative à son activité fortement liée au marché  automobile, par le rachat de deux clubs d’éveil corporel pour enfants et en ouvrant successivement 3 crèches interentreprises. Deux activités aux problématiques et cultures différentes où il faut savoir jongler au quotidien.

Comment s'organise votre Direction Juridique ?

La Direction Juridique est actuellement composée de deux personnes, une Juriste junior et moi-même.

La Direction Juridique existe depuis de nombreuses années et lors de mon arrivée, l’une des tâches confiée a été de donner une dimension plus internationale et pragmatique à la fonction juridique au sens large, et ce, dans le but d’apporter une valeur ajoutée plus conséquente aux opérationnels du Groupe.

Dans un groupe de sociétés de type PME, d’autant plus avec des implantations internationales, l’importance donnée à la fonction juridique n’est pas toujours reconnue par les opérationnels dans le sens de la considérer comme un véritable partenaire au quotidien ; il faut parfois "mettre la main à la pâte" pour faire comprendre l’opportunité et l’intérêt d’avoir et de collaborer avec une Direction Juridique centrale, à même de les aider tout en leur apportant des solutions pragmatiques et pratiques.

Comment fonctionne votre Direction Juridique ?

La Direction Juridique apporte son expérience et ses compétences sur toutes les problématiques juridiques auxquelles le Groupe peut être confronté tant en amont qu’en aval, sauf en ce qui concerne le droit social et à recourir à des avocats spécialisés sur certaines problématiques complexes ou locales.

Notre périmètre d’intervention va des Amériques jusqu’à l’Asie du Sud Est ; ceci implique de devoir parfois s’adapter aux décalages horaires au quotidien.

Quelles problématiques traitez-vous ?

Tant par son activité industrielle que pour son activité de prestataire de services à la personne, les problématiques quotidiennes vont du droit des sociétés, acquisitions, contrats, propriété industrielle et assurances tout en passant par la fiscalité, l'immobilier et le droit de la consommation.

Quelle quantité de dossiers est « externalisée » et confiée à des cabinets d’avocats ?

En général, les quelques dossiers confiés à des cabinets d’avocats sont relatifs, soit à des problématiques de droit local, compte tenu de l’internationalisation du groupe, soit à des problématiques particulières portant sur une interprétation, un point précis, un projet complexe ou un contentieux, pour lesquels le service juridique se doit de confirmer son interprétation ou de recourir à un avocat spécialisé local.

Comment choisissez-vous vos conseils ?

Je travaille beaucoup sur le relationnel avec nos cabinets d’avocats et conseils et dans la relation à long terme avec ces derniers. Ceci me permet d’avoir une certaine réactivité en temps utile de la part de nos conseils. Ainsi, je préfère recourir à des cabinets à taille humaine, si possible disposant d’un réseau international ou qui est reconnu dans son domaine de compétences lorsqu’ils doivent être spécialisés.

Il est important que notre conseil connaisse nos activités et les produits fabriqués ; ces derniers peuvent paraître simples au premier abord mais sont toutefois complexes compte tenu des caractéristiques exigées de la part de nos clients, les équipementiers et les constructeurs automobiles.

Qu'est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

Pouvoir exercer ma fonction dans tous les domaines auxquels une entreprise est confrontée et ainsi avoir un "discours" juridique adapté en fonction des différents opérationnels avec lesquels ma fonction implique de collaborer tout en étant un véritable partenaire, et ce, dans un contexte international.

Le juriste que je suis doit s’adapter au développement et aux contraintes de son employeur tout en se devant d’être polyvalent et prêt à relever les challenges de la direction générale, à la fois, force de propositions ou d’actions mais aussi de conseils, tout en assurant le management de son service et le "marketing" de ce dernier.

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER