Etre juriste à l'international - Thaïlande : Profitez de la langue

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redactionExercer le métier de juriste à l’étranger requiert de nombreuses qualités, parmi lesquelles une excellente maîtrise de l’anglais. Pierre-Gabriel Chauvac, Juriste Contrats en Thaïlande pour Bombardier Transportation Signal, nous explique pourquoi il a fait ce choix, et pourquoi d’autres devraient en faire autant.

Partir travailler à l’étranger est-il plus difficile dans les métiers du droit que dans d’autres secteurs ?

En effet, le droit s’exporte mal. Mais partir exercer à l’étranger est loin d’être impossible. Le tout, pour un jeune diplômé est de savoir mettre le maximum d’atouts de son côté et de se démarquer du lot. Par exemple, un juriste trilingue français/anglais/arabe avec une spécialisation en droit des contrats et des connaissances théoriques et/ou pratiques en droit OHADA se démarque bien plus qu’un étudiant ayant "seulement" validé ses cinq ans réglementaires via une formation lambda. Maintenant, il est clair que c’est la première expatriation qui est la plus dure à trouver. Après une expérience confirmée à l’étranger, je pense que les chances d’être recruté pour une autre expatriation augmentent mécaniquement.

Vous semblez intransigeant sur la nécessité de maîtriser l’anglais…

Absolument, aujourd’hui les juristes n’ont plus le choix. De toute manière, qu’ils veulent rester en France ou s’expatrier, c’est une condition sine qua non pour pouvoir travailler. En outre, la pratique d’une seconde langue est plus que recommandée. Personnellement, j’apprends le persan chaque jour, en espérant bien un jour pouvoir travailler en Iran – le pays de mon épouse.

Vous avez à peine 30 ans, qu’est-ce qui vous a poussé à partir dès le début de votre carrière ?

Suite à mon année Erasmus en Suède, j’ai eu l’intuition que le métier de juriste (et la vie quotidienne) m’intéresserait moins en France qu’ailleurs. De la même manière, je pensais (et je pense toujours) que la pratique de mon métier en territoire inconnu me donnerait plus d’envergure et de crédibilité. Enfin, j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui m’ont fait confiance en me donnant ma chance.

Quel regard portez-vous sur l’exercice de votre métier en Asie ?

Il y a des cultures à apprivoiser et à comprendre. On ne peut pas se permettre d’arriver avec nos belles idées préconçues. Il faut faire preuve d’une capacité d’adaptation qu’aucune école ne vous apprend. Par exemple, en Malaisie, il y a 3 peuples (Malais, Chinois, et indiens) qui cohabitent de manière plus ou moins harmonieuse. Via mon rôle d’interface avec les auditeurs financiers, j’ai compris que je devais adapter mon comportement selon l’origine de mon interlocuteur. De manière générale, les juristes en Asie ont une approche très pragmatique de leur pratique et ne s’embarrassent pas des détails, le tout étant pour eux, d’être un véritable support au business, et non son garde-chiourme !

Votre parcours, le souhaitezvous à d’autres ?

Bien sûr, je conseille à tout jeune juriste de s’expatrier, car il sera toujours gagnant. Il va aborder son métier (et sa façon de vivre) sous un autre angle, et bien entendu s’enrichir d’un point de vue humain, plutôt que de rester confortablement en France. Je pense que les recruteurs seront toujours très attentifs au parcours d’un juriste ayant une expérience confirmée à l’international.

Quelles sont les premières qualités pour partir dans de bonnes conditions ?

Il faut être un peu courageux, ne pas avoir peur de se frotter à la différence, à la solitude souvent, ne pas avoir peur de donner de sa personne, et aussi, être un peu malin. Pour ceux qui ont la chance d’être nés avec deux langues, profitez-en ! C’est un atout considérable.

Pierre-Gabriel ChauvacQuelques mots sur Pierre-Gabriel Chauvac
Diplômé d’un master en droit fiscal de l’entreprise et d’un master juriste international de l’université de Toulouse, Pierre- Gabriel a commencé sa carrière en tant que fiscaliste stagiaire chez PwC à Kinshasa (RDC). Il est ensuite recruté chez ETOPS Aviation Services (Groupe Mechtronix) en tant que juriste d’affaires.
Sur proposition de sa direction, il est transféré au sein de l’entité malaisienne et après avoir vécu en deux ans et demi à Kuala-Lumpur, il est recruté en tant que juriste contrats par Bombardier Transportation Signal à Bangkok.

 

Propos recueillis par Emmanuel Bonzé