Hotline « Solidarité entreprises Covid » : Quelles sont les mesures gouvernementales les plus demandées par les chefs d’entreprises ?

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Depuis le 23 mars, pendant 10 jours, plus de 1 500 chefs d’entreprise ont fait appel au numéro vert gratuit 0800 942 564 mis en place par les administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires, spécialistes de la prévention et du traitement des difficultés des entreprises, avec le Ministère des Finances et de l’Economie. 98 % ont reçu une réponse de la part des 200 administrateurs et mandataires judiciaires bénévoles mobilisés sur toute la France. Il est aujourd’hui possible de dégager statistiquement les grandes tendances.

Principales questions posées par les appelants au N° Vert

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« Les entreprises cherchent principalement des sources de financement pour faire face à la crise actuelle. L'aide de 1 500€ du fonds de solidarité focalise beaucoup d'appels, probablement car elle concerne les indépendants, les micro-entreprises et nombre de TPE, catégories qui forment la majeure partie des appelants au N° Vert.

De même, nombre de demandes d'informations ont pour objet la mise en place du chômage partiel pour cause de réduction ou arrêt d'activité avec des questions sur les critères d’éligibilité et les délais de paiement. Certains appels relèvent aussi des problèmes d'ordre technique d’accès aux sites dédiés (sites submergés de demandes).

Les entreprises cherchent également des conseils sur les reports des échéances à court terme comme le loyer, les charges (électricité et eau) ainsi que les emprunts bancaires. Pour celles concernées, les échéances/dividendes de leur plan de redressement les préoccupent, leur crainte étant que le plan fasse l'objet d'une résolution faute de règlement des échéances.

Enfin, les questions pour pallier les difficultés de trésorerie, que ce soit pour obtenir des facilités bancaires, des Prêts Garantis par l’Etat (au total environ 16% des appels), reviennent également très fréquemment. » explique Christophe Basse, Président du Conseil National des Administrateurs Judiciaires et Mandataires Judiciaires (CNAJMJ).

Répartition des appels par secteur d’activité économique

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« On peut affirmer que tous les secteurs d’activité économique sont concernés par la crise actuelle. Toutefois, certains secteurs semblent plus particulièrement impactés par les mesures de confinement, en premier lieu ceux de l'hôtellerie-restauration (20% des appels) et du commerce de détail (18% des appels).

Les services à la personne (coiffeurs, salons de beauté, etc.) sont également très touchés, de même que le BTP, les artisans et les agences immobilières, qui ont vu leur activité fortement réduite pour ne pas dire totalement arrêtée pour certains.

De même, le secteur du tourisme est directement impacté des effets de la crise sanitaire, avec des annulations de réservation de l'ordre de 70 à 95% d'après les professionnels appelants.

On peut également noter des difficultés notables dans le secteur de la formation professionnelle ou de l'évènementiel avec beaucoup d'annulations de prestations.

Enfin, un certain nombre d’agriculteurs et éleveurs ont également appelé en raison de difficultés pour nourrir leurs animaux (difficulté d’approvisionnement, perte d‘activité…). Nous insistons également lors de ces entretiens téléphoniques à ce que chacun ne suspende pas le règlement des factures de fournisseurs tant que cela reste possible, car il faut préserver les filières économiques... » explique Christophe Basse.

Répartition des appels par région

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« L'origine régionale des appelants est globalement conforme à la taille des bassins d'emplois, à l'exception de la Région Corse, qui est sur-représentée dans les appels, probablement en raison de l'importance des entreprises liées au tourisme dans cette région. » précise Christophe Basse.

Proportion d’appels de sociétés en procédures collectives (sauvegarde ou redressement judiciaire) sur les appelants

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« La plupart des entreprises qui nous ont contactés ne sont pas concernées pour le moment par une procédure collective (78%). Mais celles qui sont en procédure sont sur-représentées par rapport à leur proportion habituelle dans le tissu économique français. Elles font face à des difficultés particulières du fait de leur fragilité préexistante. Leur principale préoccupation est de faire face aux échéances de leur plan ou de réussir à maintenir leur situation. Pour ce faire, elles demandent notamment des renseignements sur le fond de solidarité, l'étalement de charges ou la possibilité de contracter des prêts. » précise Christophe Basse.

Parallèlement, les derniers chiffres des greffes ne montrent pas d’augmentation des procédures collectives à ce stade de la crise sanitaire.

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Les statistiques sur la deuxième semaine de confinement du 24 mars au 3 avril montrent un total de 242 procédures collectives équivalent à celui de la première semaine.

« Les ordonnances gouvernementales des 25 et 27 mars 2020 ont permis, dans un délai record, aux juridictions de traiter avec sérénité les dossiers de procédures collectives (dossiers en cours et nouveaux dossiers) dans une situation d’urgence sanitaire. La dématérialisation des procédures, l’allongement de certains délais et la mise en place de la visio-conférence ont été adoptés avec une grande efficacité par les greffes et les tribunaux. Je tiens également à remercier l’ensemble des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires qui sont actuellement mobilisés de façon bénévole et particulièrement réactive autour de notre numéro vert 0800 94 25 64 », ajoute Christophe Basse, Président du Conseil National des Administrateurs Judiciaires et Mandataires Judiciaires.