Anticiper pour négocier la reprise de l’activité

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Tout en gérant la crise au quotidien, les entreprises doivent dès à présent préparer les plans de reprise de l’activité et rédiger dans le détail les procédures à appliquer. Grâce aux expériences cumulées des managers de transition de son club, Delville Management partage ses conseils pour réussir au mieux la sortie de crise.

Les dirigeants d’entreprises se trouvent face à une double problématique. Gérer la crise au jour le jour et préparer la reprise totale du travail. Dans les deux cas, la santé des salariés reste la priorité essentielle, avec la mise en place de procédures pour protéger ceux qui ne peuvent pas télétravailler. Toutes les entreprises doivent préparer dès maintenant le déconfinement, qui va se traduire par une augmentation du nombre de salariés présents. Quand la présence physique n’est pas absolument nécessaire, le retour dans les locaux pourra s’effectuer graduellement, à temps partagé avec le télétravail.

Grâce à des horaires instituant un roulement, le nombre de présents sera limité. Quand la présence est indispensable, la mise en place d’horaires décalés évitera les afflux d’arrivées et de départs, y compris à la pause de midi . Il faudra alors prévoir un accord avec le responsable de la restauration collective pour étendre les horaires d’ouverture. Ces aménagements seront préparés en amont, en collaboration avec les membres du Comité Social et Économique (CSE), afin que les procédures soient rédigées dans le détail au moment de la reprise du travail.

Soigner la communication

La communication interne n’est pas à négliger. En ces temps de crise, le rôle du chef est magnifié. Il doit expliquer, rassurer et mener son action de communication sur deux fronts. D’abord vers l’ensemble des salariés, puis de manière individuelle vers ses adjoints qui eux-mêmes auront une mission de relais avec des échanges en tête-à-tête. Il est nécessaire de créer ses liens intuitu personæ pour que chacun se sente concerné et comprenne l’importance de son rôle.

Mettre en place une cellule pour préparer l’avenir

La cellule de crise mise en place pour le pilotage au quotidien sera complétée dès à présent par une seconde cellule pour préparer l’avenir, car l’anticipation est primordiale. Il faut dès aujourd’hui fédérer les idées, les étudier, les confronter, pour qu’au moment venu les décisions soient prises rapidement, mais de manière réfléchie. Les enjeux sont énormes, il faudra jongler avec le budget, la trésorerie, et, pour le secteur industriel, une supply chain mise à mal. Actuellement, l’État joue son rôle pour les premiers secours. Au moment du redémarrage de la production, les entreprises devront tout à la fois verser les salaires, financer le court terme, s’assurer des approvisionnements, avant de voir honorées leurs propres factures. Cette période sera à très haut risque.

Faire appel à un manager de transition rompu à la gestion de crise

Cette période inédite est un défi pour le management, contraint de revoir tous ses plans. Les DAF se trouvent en première ligne. Il n’est plus question de gérer la croissance - comme c’était le cas il y a encore six semaines - mais de sauver l’entreprise, piloter la trésorerie, négocier avec les banques. En quelques jours, il faut tout repenser. Certains ont déjà vécu ces réunions tendues avec l’équipe des affaires spéciales de leur banque, beaucoup moins avenante que l’habituel conseiller. Pour d’autres, c’est un saut dangereux dans l’inconnu, nerveusement très difficile, où les chausse-trappes sont nombreuses. Là encore, le dirigeant doit anticiper et prévenir, ne pas attendre le dernier moment. Une aide extérieure, rompue aux situations de crise, aidera à contourner les écueils.

Patrick Abadie, Président Fondateur de Delville Management