Démarrer sa collaboration en période d’épidémie de Covid-19 : un challenge ?

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A première vue, démarrer sa première collaboration en pleine épidémie de Covid-19 pourrait s’apparenter au saut d’un nageur peu expérimenté dans le grand bassin sans bouée de sauvetage. Fort heureusement la noyade n’est pas une fatalité comme en témoigne Me William Milkoff, collaborateur au sein du cabinet Beaubourg Avocats.

William Milkoff l’avoue : « j’ai eu beaucoup de chance ». Ce jeune avocat parisien, spécialisé en droit des affaires, a intégré, en janvier dernier, le cabinet Beaubourg Avocats en qualité de collaborateur. « Je suis arrivé à une période de forte activité ce qui m’a permis de rentrer rapidement dans le vif du sujet ». En outre, il a pu prêter serment quelques jours avant l’arrivée en France de la pandémie. Ce ne fut malheureusement pas le cas de nombreux collaborateurs, la suppression des audiences de prestation de serment ayant été décidée par le Premier président de la cour d’appel de Paris dès le 16 mars.

Depuis le début du confinement, William Milkoff est en télétravail. Si le costume reste au placard, il ne constate aucun changement dans ses horaires et fait en sorte de préserver le temps dédié à la vie privée : « Avec le télétravail, la question que l’on se pose est de savoir comment s’organiser ». Pour le traitement des dossiers dont il a la charge, il bénéficie du processus mis en place (et toujours en cours) de digitalisation du cabinet : « Cela facilite le travail à distance. Nous disposons d’outils qui permettent, notamment, aux différents avocats d’interagir sur une même affaire. Les demandes de pièces s’effectuent sans difficulté. La communication avec les associés se fait principalement par téléphone ou SMS. Et pour le suivi de l’actualité législative, l’information circule entre nous, chacun reste à l’affût des changements ».

Concernant la gestion de la relation client, « pas de grand chamboulement hormis l’impossibilité d’organiser des rendez-vous en présentiel. Nous n’avons pas recours à la visioconférence. Des échanges réguliers s’effectuent par mail ou par téléphone. Certes il a fallu rassurer mais dans une moindre mesure car nos clients sont assez compréhensifs face à cette situation inédite et nouvelle pour tout le monde. Ils sont impactés par le ralentissement de l’activité économique qui touche tous les secteurs. Ils savent qu’elle repartira et qu’il ne s’agit que d’une suspension ».

Tout semble donc bien se dérouler. William Milkoff l’explique par le fait qu’il a bénéficié d’une prise en main accélérée de connaissance des dossiers et des méthodes de travail propres au cabinet. « Comme pour toute profession, l’activité est quelque peu bouleversée mais ce n’est pas significatif. Concernant les méthodes de travail, j’ai rapidement été accompagné par les associés qui ont su être à mon écoute et ont œuvré à ma bonne intégration. L’échange et le travail en équipe ont fait l’objet de mon apprentissage. Les méthodes ont été rapidement installées dans ce court laps de temps avant le confinement pour que je puisse travailler de manière sereine et efficace ». Une mise en place bénéfique pour cette période atypique qui l’autorise à qualifier son quotidien de « continuité dans la rupture ».

Toutefois, il reconnaît que l’entrée en collaboration demande un temps d’adaptation nécessaire, « des responsabilités et un certain degré d’autonomie qui sont des éléments nouveaux par rapport aux stages effectués ». Pour lui, sa formation est toujours en cours. Ainsi, sur le plan du contentieux, les dossiers sont traités dans la mesure du possible : « Les conclusions sont rédigées, les projets d’assignation préparés. On surveille les délais et on voit ce qui peut être fait ou doit être reporté. On s’adapte avec l’évolution des règles de procédure. Certains dossiers, dont les audiences auraient dû avoir lieu ce mois-ci, sont bloqués et les assignations à personne sont suspendues. Il va falloir patienter et s’adapter quand l’activité judiciaire reprendra. » Pour l’heure il semble encore trop tôt pour décider de recourir au mode alternatif de résolution des conflits : « Tout va dépendre de la durée du confinement ».

Quant à la constitution d’une clientèle, « même si le bouche-à-oreille fonctionne, le confinement n’aide pas à la rencontre de clients potentiels, la période n’est pas idéale pour développer une activité personnelle ».

Dernier aveu : « Ne pouvoir aller en audience, c’est ce qui me manque. J’arrive à peine et… tout est suspendu. Mais ce n’est pas le plus grave », relativise William Milkoff, avocat en bonne santé.

Marie Beau