Les avocats utilisent peu internet pour communiquer avec leurs clients

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internetUne étude de MyCercle révèle que les cabinets d’avocats utilisent très peu internet pour dialoguer avec leurs clients et qu’ils le font de manière peu sécurisée.

L’étude MyCercle publiée en mars 2016 menée sur 1840 cabinets dans 13 barreaux* fait apparaître que la grande majorité des cabinets utilisent encore très peu internet pour dialoguer avec leurs clients et qu’ils le font de manière peu sécurisée mais cette situation pourrait changer sous l’impulsion de cabinets qui ont compris la nécessité de se développer sur internet et sous la pression des legal techs.

Seulement 1 cabinet d’avocat sur 3 dispose d’un site internet

En moyenne 1 cabinet d’avocat sur 3 dispose d’un site internet. Cette proportion apparaît légèrement plus faible que celle de la moyenne des professionnels ou des petites entreprises comparables.

Les cabinets individuels sont peu équipés

Les petits cabinets restent peu équipés en site internet : 1 cabinet individuel sur 5 seulement en est équipé (20%).
Le taux est multiplié par 3 pour les cabinets de 2 et 3 avocats (58%). Le taux n’atteint 9 sur 10 que pour les cabinets de plus de 10 avocats. Ces taux sont plus faibles que pour les entités de taille comparable dans d’autres secteurs.
Au-delà l’équipement devient presque la règle : 84% des cabinets entre 4 et 10 avocats, 94% entre 11 et 100, et 100% au-delà de 100 avocats, ont un site internet.

 MyCercle2016 avocats equipement sites internet

Des sites internet peu utilisés

"Les sites internet des cabinets d’avocats sont essentiellement des vitrines classiques destinées à rassurer les futurs clients. La partie dynamique est généralement constituée d’un formulaire de prise de contact et d’informations juridiques, fournies par des prestataires spécialisés ou plus rarement par le cabinet lui-même. Seulement un cabinet sur 100 offre sur son site des fonctionnalités réservées aux clients", soulignent les auteurs de l’étude.
Aussi, "en exploitant peu le numérique pour se rapprocher de ses clients, la profession s’expose au risque que des nouveaux venus, les legal tech ou legal start-up, comblent ce qui apparaît comme un déficit de proximité numérique".

Selon l’étude, ce retard technologique provient du fait que les avocats ont tardé à adapter leur déontologie au numérique : "Une partie du retard d’équipement des petits cabinets d’avocat peut s’expliquer par les débats déontologiques qui ont interdit au départ le développement de sites internet, ceux-là paraissant assimilables à de la publicité et contraires à la déontologie. Ces débats ont beaucoup perdu de leur acuité. Il est clair néanmoins qu’une majorité d’avocats continuent de penser qu’un site n’est pas indispensable. Cela peut paraître contradictoire avec la nécessité particulièrement forte pour un avocat d’inspirer confiance et alors qu’apparaît sur internet une concurrence dans l’offre de droit (les ‘"egal tech")." 

La généralisation des échanges par mail

Par ailleurs, "même si la plupart des cabinets utilisent encore le dossier papier, les échanges avec les clients se font de plus en plus sous forme numérique, mais très majoritairement de façon non sécurisée, sous forme de mails et pièces jointes exposés au piratage ou aux erreurs de destinataire. Seulement 1 cabinet français sur 100 est équipé d’espaces client sécurisés accessibles depuis son site".
Ce retard concerne même les grands cabinets d’avocats (ceux de plus de 100 avocats) et paraît spécifiquement français : 1 grand cabinet français sur 3 seulement est équipé, contre 6 grands cabinets anglo-saxons présents en France sur 7.

MyCercle2016 avocats espace client

"Un facteur explicatif pourrait être que l’attention de la profession sur la sécurité numérique s’est jusqu’ici portée presqu’exclusivement sur les échanges en amont (entre les avocats et les juridictions), probablement aujourd’hui parmi les mieux sécurisés d’Europe, plutôt que sur les échanges en aval (entre les avocats et leurs clients)."

—Une sécurité globale fragile

Si l’étude souligne des progrès en amont dans la numérisation sécurisée des échanges des avocats (échanges avec les juridictions à travers le RPVA, le réseau privé virtuel des avocats), il apparaît que les initiatives sur la sécurité des échanges en aval, concernant les échanges des avocats avec leurs clients, pourtant beaucoup plus importants en volume et souvent encore plus confidentiels, sont encore très limitées.

La sécurité va-t-elle être apportée par le Cloud privé des avocats ?
Pour MyCercle, la réponse est négative, "La nouvelle plateforme Ox App, dite ‘Cloud privé des avocats’, va certes proposer à un cabinet, au sein d’une gamme de services, l’envoi sécurisé d’un document à un client, avec mot de passe unique et cryptage. Mais c’est une solution ponctuelle qui ne satisfera pas un cabinet préoccupé par la sécurité mais souhaitant des échanges numériques réguliers et faciles avec ses clients. Elle ne satisfera pas non plus le client qui la comparera à ce qu’il obtient de ses autres prestataires."

*Auch, Bergerac, Bordeaux, Dijon, Gap, Grenoble, Montpellier, Nanterre, Nice, Périgueux, Paris, Poitiers, Tours

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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